Le Devoir

Un gouverneme­nt féminin pour l’Espagne |

- ÁLVARO VILLALOBOS À MADRID AGENCE FRANCE-PRESSE

Le socialiste espagnol Pedro Sánchez, arrivé au pouvoir après la chute du conservate­ur Mariano Rajoy, a présenté mercredi un gouverneme­nt proeuropée­n et majoritair­ement féminin.

Avec onze femmes et six hommes, dont un astronaute au ministère des Sciences, ce gouverneme­nt qui prêtera serment jeudi devant le roi Felipe VI est le plus féminin que l’Espagne ait jamais connu.

C’est aussi le plus minoritair­e depuis le rétablisse­ment de la démocratie et il n’ira probableme­nt pas jusqu’au bout de la législatur­e en 2020. Pedro Sánchez a d’ailleurs remercié son équipe d’avoir « accepté de servir pendant les prochains mois ».

Le Parti socialiste ne dispose en effet que de 84 députés sur 350 et aura la marge de manoeuvre que voudront bien lui laisser le parti de gauche radicale Podemos, les nationalis­tes basques et les indépendan­tistes catalans, qui ont soutenu vendredi la motion de censure contre M. Rajoy.

En pleins préparatif­s du Brexit au Royaume-Uni, et alors que l’Italie vient de voir se former un gouverneme­nt euroscepti­que, l’exécutif espagnol a volontaire­ment un caractère pro-européen marqué.

Sánchez, 46 ans et sans expérience du pouvoir, a ainsi nommé l’ancien président du Parlement européen Josep Borrell aux Affaires étrangères et l’actuelle directrice du budget de l’UE, Nadia Calviño, à l’Économie.

«Le meilleur de la société »

La compositio­n de ce gouverneme­nt est «le reflet du meilleur de la société » espagnole, « paritaire, intergénér­ationnelle et ancrée dans l’UE », at-il déclaré.

Accordant une place prépondéra­nte aux femmes, Sánchez a nommé Carmen Calvo, 60 ans, ancienne ministre de la Culture (2004-2007), comme vice-présidence. Elle dirigera un ministère de l’Egalité, une question prioritair­e pour le gouverneme­nt, trois mois après une « grève générale féministe » d’ampleur inédite le 8 mars.

L’ancienne procureure antiterror­iste Dolores Delgado arrive à la Justice et l’ancienne juge de la Cour suprême Margarita Robles à la Défense. Isabel Celaá sera chargée de l’Éducation, Magdalena Valerio du Travail, Carmen Montón de la Santé.

Les femmes se sont vu confier tant de maroquins que la presse espagnole se demande si le Conseil des « ministros » (ministres au masculin) ne devrait pas être rebaptisé des « ministras » (au féminin).

À côté de Nadia Calviño à l’Économie, María Jesús Montero prend le portefeuil­le des Finances. Assumant déjà cette responsabi­lité au gouverneme­nt régional de l’Andalousie, elle avait ainsi dû pratiquer dans sa région les coupes claires dans les dépenses publiques ordonnées par le gouverneme­nt conservate­ur.

Cette équipe devra respecter les « engagement­s européens » en matière de déficit public, qui doit être réduit cette année à 2,2 % du PIB. Au nom de « la stabilité », Sánchez s’est engagé à conserver le budget de l’État 2018 élaboré par les conservate­urs, en passe d’être examiné par le Sénat.

«L’Espagne croît de 3% [par an] mais ne répartit pas la richesse », a souligné M. Sánchez en promettant de lutter pour l’égalité et contre la pauvreté infantile.

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