Le Devoir

Boeing ne livrera pas d’avions à l’Iran

Ces contrats devaient soutenir des « dizaines de milliers » d’emplois aux États-Unis

-

New York — L’avionneur Boeing, qui a reçu des commandes d’Iran Air et d’Aseman Airlines, deux compagnies iraniennes, pour un montant total de 20 milliards de dollars, ne livrera pas ces appareils après le retrait des ÉtatsUnis de l’accord sur le nucléaire iranien, a indiqué mercredi à l’AFP un porte-parole.

« Pour être clair sur les commandes, nous n’avons encore livré aucun appareil à l’Iran et vu que nous n’avons plus de licence pour commercer avec l’Iran, nous ne livrerons aucun appareil» à Téhéran, a affirmé par courriel ce porte-parole. Il a insisté sur le fait que Boeing n’avait jamais comptabili­sé dans son bilan ces commandes, parmi les plus gros contrats signés par une entreprise étrangère suivant l’accord de 2015 sur le nucléaire iranien.

Boeing et Iran Air, la compagnie na- tionale, avaient signé en décembre 2016 leur plus gros contrat depuis près de 40 ans, portant sur l’achat de 80 appareils d’une valeur de 16,6 milliards. L’avionneur américain avait également finalisé un contrat d’une valeur de 3 milliards portant sur la vente de 30 appareils 737 MAX à la compagnie aérienne Aseman Airlines. La livraison était prévue entre 2022 et 2024. Boeing avait alors indiqué que ces contrats allaient permettre de soutenir des « dizaines de milliers » d’emplois aux États-Unis.

Mais le 8 mai, le gouverneme­nt Trump avait décidé de rétablir l’intégralit­é des sanctions imposées à Téhéran, conséquenc­e du retrait américain de l’accord sur le nucléaire. Il avait été donné une période de 90 à 180 jours aux entreprise­s américaine­s et à celles ayant accès au système financier américain pour résilier les anciens contrats noués en Iran. Il leur était également interdit d’en conclure de nouveaux.

Outre Boeing, d’autres entreprise­s américaine­s (General Electric) et étrangères (la major pétrolière française Total et le constructe­ur automobile français PSA Peugeot Citroën) ont commencé à organiser leur sortie d’Iran.

La pression est désormais sur Airbus, qui a enregistré des commandes de compagnies aériennes iraniennes (Iran Air Tour, Zagros Airlines) pour 100 avions au total, dont des A320neo, valorisés à près de 10 milliards de dollars. L’avionneur européen a des usines aux États-Unis, et un nombre important de pièces installées dans ses appareils sont fabriquées sur le sol américain, ce qui soumet automatiqu­ement Airbus aux sanctions de Washington.

Dans l’ensemble, c’est un coup dur pour l’industrie aéronautiq­ue parce que l’Iran aura besoin de 400 à 500 avions de ligne dans la prochaine décennie, selon l’Organisati­on iranienne de l’aviation civile.

 ?? HASAN SARBAKHSHI­AN ASSOCIATED PRESS ?? Un Boeing 747 d’Iran Air à Téhéran
HASAN SARBAKHSHI­AN ASSOCIATED PRESS Un Boeing 747 d’Iran Air à Téhéran

Newspapers in French

Newspapers from Canada