Le Devoir

Les 600 migrants de l’Aquarius voguent vers l’Espagne |

Les migrants du navire humanitair­e passeront encore au moins quatre jours en mer

- OLIVIER BAUBE LUCY ADLER

Quelque 629 migrants, ballottés en Méditerran­ée depuis dimanche après le refus de l’Italie et de Malte de les accueillir, sont partis mardi soir vers l’Espagne à bord de trois bateaux, dont le navire humanitair­e Aquarius.

Il faudra encore au moins quatre jours de mer à cette flottille composée de l’Aquarius, où ils se trouvaient encore tous jusqu’à mardi, et de deux autres italiens où quelque 500 d’entre eux ont été transbordé­s avant de toucher le port espagnol de Valence.

Quelque 72 heures après le début de cette crise sans précédent en Europe, le dénouement semblait donc enfin proche pour ces migrants secourus au large de la Libye entre samedi et dimanche, mais qui sont restés ensuite bloqués jusqu’à mardi à une trentaine de milles des côtes maltaises, à la suite du refus de l’Italie et de Malte de les accueillir.

Accusation­s

Ce refus a déclenché une vague d’indignatio­n, ou d’approbatio­n, dans toute l’Union européenne, mais aussi un échange virulent entre la France et l’Italie, qui se sont mutuelleme­nt accusées de « cynisme ». La présidence du Conseil italien a ainsi fait savoir mardi qu’elle refusait les « leçons hypocrites » de Paris, ou de « pays ayant préféré détourner le regard » du problème migratoire.

Giuseppe Conte, le président du Conseil italien, réagissait aux propos du président français, Emmanuel Macron, qu’il rencontrer­a vendredi à Paris, dénonçant le même jour la « part de cynisme et d’irresponsa­bilité du gouverneme­nt italien » après son refus d’accueillir l’Aquarius.

L’ONG SOS Méditerran­ée, qui a affrété ce navire humanitair­e et confirmé son départ vers l’Espagne mardi soir, n’a pas donné de détail sur la situation à bord des trois bateaux.

Plus tôt dans la journée, Anelise Borges, de la chaîne Euronews et seule journalist­e à bord de l’Aquarius, avait toutefois décrit à l’AFP la fatigue, mais aussi l’impatience de ces migrants, dont sept femmes enceintes et onze enfants en bas âge, à enfin toucher terre.

La peur d’être renvoyé en Libye

Mais tandis que cette attente se prolongeai­t, beaucoup de ces migrants se sont inquiétés d’être renvoyés en Libye, à tel point que les secouriste­s de l’Aquarius ont dû faire le tour du navire, cartes en main, pour montrer qu’ils étaient désormais loin des côtes libyennes, a encore raconté cette journalist­e d’Euronews au téléphone.

L’Aquarius, présent depuis février 2016 dans cette partie de la Méditerran­ée, où il a secouru près de 30 000 personnes, était depuis dimanche au centre d’un bras de fer entre l’Italie et Malte, avant que l’Espagne ne se propose de l’accueillir.

La déterminat­ion du ministre italien de l’Intérieur, Matteo Salvini, à la manoeuvre depuis le début de cette crise, l’a finalement emporté, grâce au geste salué par l’Italie du gouverneme­nt socialiste espagnol de Pedro Sánchez.

« Sauver des vies est un devoir, transforme­r l’Italie en un énorme camp de réfugiés, non. L’Italie en a fini de courber l’échine et d’obéir, cette fois IL Y A QUELQU’UN QUI DIT NON », assurait dès lundi sur Twitter M. Salvini, qui est en même temps le patron de la Ligue (extrême droite).

La présidence du Conseil italien a ainsi fait savoir mardi qu’elle refusait les « leçons hypocrites » de Paris

Newspapers in French

Newspapers from Canada