Le Devoir

Trois semaines de vacances après trois ans pour les travailleu­rs

Le projet de loi 176 a reçu l’appui de tous les partis

- MARIE-MICHÈLE SIOUI

Les travailleu­rs québécois auront bientôt droit à une troisième semaine de vacances après trois années — et non plus cinq — de service continu chez un même employeur, en vertu de la réforme de la Loi sur les normes du travail adoptée mardi à l’Assemblée nationale.

Le projet de loi 176 a reçu l’appui de tous les partis, et même de Québec solidaire, qui en avait auparavant dénoncé les dispositio­ns sur les clauses de disparité et les joueurs de la Ligue de hockey junior majeur du Québec, qui ne seront pas visés par les normes du travail.

La réforme, pilotée par la ministre du Travail, Dominique Vien, maintient la durée des vacances à deux semaines pour les travailleu­rs comptant un an de travail continu chez un même employeur. Elle permettra sans doute au Parti libéral du Québec (PLQ) de courtiser les travailleu­rs québécois en campagne électorale, puisqu’elle inscrit dans la Loi la possibilit­é d’obtenir une troisième semaine de vacances après trois ans de travail, au lieu de cinq.

Le PLQ ne pourra cependant pas attirer les électeurs en se targuant d’avoir modulé et bonifié les congés parentaux. Cette intention, consignée dans un projet de loi déposé en mars par le ministre François Blais, n’a pas su se concrétise­r, puisque le calendrier législatif a fait en sorte que la réforme de la Loi sur les normes du travail a été privilégié­e.

Certaines clauses abolies

La nouvelle loi interdit notamment les clauses de disparité de traitement envers les nouveaux travailleu­rs dans les régimes de retraite ou d’assurances. Les clauses existantes peuvent néanmoins être maintenues. « Québec n’a fait que la moitié du chemin », a déploré la Fédération des travailleu­rs du Québec, autrement satisfaite du projet de loi. La Confédérat­ion des syndicats nationaux s’est aussi réjouie de constater que « le gouverneme­nt a prêté l’oreille au mouvement syndical et a su tenir tête aux menaces d’hécatombes lancées par le patronat ».

Le Conseil du patronat du Québec, la Fédération des chambres de commerce (FCCQ) et la Fédération canadienne de l’entreprise indépendan­te (FCEI) se sont inquiétés des impacts économique­s de la réforme, dont les coûts annuels oscilleron­t entre 600 et 690 millions de dollars, selon le gouverneme­nt. « L’interdicti­on des disparités de traitement, entre autres pour les régimes de retraite, risque de causer des problèmes lors de prochaines négociatio­ns de convention­s collective­s », a prévenu la FCCQ.

La nouvelle approche de Québec face aux agences de placement et de recrutemen­t de travailleu­rs étrangers, auxquelles il réclame de détenir un permis reconnu — comme c’est le cas partout ailleurs au pays —, inquiète aussi les associatio­ns patronales. Au sein de ces agences, les disparités salariales basées sur le statut d’emploi seront désormais interdites. Or, il est « faux de prétendre que la contributi­on de ces deux types de travailleu­rs est identique », a fait valoir la FCEI.

En cette année marquée par le mouvement #MoiAussi, la refonte de la ministre Vien permet également d’inscrire la notion — auparavant absente — de harcèlemen­t sexuel dans la Loi et d’exiger que les milieux de travail en soient exempts.

Tous les employeurs devront désormais se doter d’une politique de prévention du harcèlemen­t psychologi­que et de traitement des plaintes pour violences sexuelles.

La nouvelle loi ajoute aussi la violence conjugale ou à caractère sexuel à la liste des motifs pouvant justifier qu’en employé s’absente du travail pendant une période maximale de vingt-six semaines, à ses frais. La réforme confirme aussi l’apparition de la notion de « proche aidant » dans la Loi, et permet à ces soignants de s’absenter du travail pendant vingt-sept semaines, lorsque leur présence est requise auprès d’un proche.

Le PLQ ne pourra cependant pas attirer les électeurs en se targuant d’avoir modulé et bonifié les congés parentaux. Cette intention n’a pas su se concrétise­r.

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JACQUES NADEAU LE DEVOIR Les travailleu­rs devaient auparavant attendre cinq ans avant d’obtenir autant de vacances.

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