Ronaldo, qu’on le veuille ou non
Il se laisse tomber sur le terrain un peu trop facilement au goût de certains, il n’hésite pas à se plaindre aux arbitres ou à ses propres coéquipiers, il est loin d’être modeste, mais il faut donner à Cristiano Ronaldo ce qui lui revient. Le no 7 est un formidable marqueur de buts, assurément l’un des meilleurs que le soccer international ait jamais connus.
Quand on regarde les statistiques de ce duel Portugal-Espagne, on se demande presque comment les Portugais sont parvenus à arracher un match nul aux Espagnols. Pendant une bonne partie de la rencontre, la Furia Roja a mis en application son étourdissant jeu de passes, gardant possession du ballon plus de 60 % du temps et réussissant 677 passes, contre 320 pour les Portugais.
Après le jeu souvent erratique du match d’ouverture Russie-Arabie saoudite, l’Espagne a rappelé aux partisans de la planète pourquoi la Coupe du monde vaut la peine d’être regardée tous les quatre ans. Elle y est allée de remises millimétrées, de ballons aériens contrôlés sans peine et de combinaisons lui permettant d’attaquer ou de se sortir du pétrin sans peine.
Sur papier, donc, ce match aurait dû appartenir aux Espagnols. Mais c’était sans compter Ronaldo, qui a une fois de plus porté son équipe sur ses épaules. La vedette portugaise a parfois ébloui — quel coup franc — ou joué de chance — merci David De Gea —, mais a trouvé le moyen de marquer dans les moments opportuns. Face à la cohésion espagnole, la contre-attaque est pratiquement la seule stratégie envisageable. Encore faut-il quelqu’un pour faire bouger les cordages, et les Portugais savent sur qui ils peuvent compter.
« Je suis incroyable »
Cinq fois gagnant du Ballon d’or, qui récompense le meilleur joueur de soccer de l’année à travers le monde, Ronaldo a marqué 84 buts au cours de sa carrière avec l’équipe du Portugal, dont 6 en phase finale de la Coupe du monde. Les trois filets de vendredi lui ont d’ailleurs permis d’inscrire son nom dans le livre des records, et quatre fois plutôt qu’une.
L’attaquant est devenu le premier joueur à marquer au moins un but lors de huit tournois majeurs consécutifs, le joueur le plus âgé à inscrire au moins trois buts dans un même match lors d’une Coupe du monde, le joueur européen ayant marqué le plus de buts internationaux (84), à égalité avec Ferenc Puskás — qui appartient à une tout autre époque — et le quatrième joueur de l’histoire du Mondial à marquer au moins une fois dans quatre phases finales différentes.
Ces nouveaux honneurs individuels ne pourront que gonfler encore davantage son estime de lui-même, qui transparaît dans les nombreux documentaires consacrés à sa carrière. Comme celui diffusé en 2017 par la British Broadcasting Corporation (BBC), dans lequel il explique que ses succès ne tombent pas du ciel. « Tout ceci arrive pour une raison, affirme-t-il avec assurance. Parce que je suis incroyable. Pas seulement cette année. Je suis toujours le meilleur. »
Et s’il avait raison ?