Le Devoir

Chicoutimi-Le Fjord vire au bleu

- HÉLÈNE BUZZETTI CORRESPOND­ANTE PARLEMENTA­IRE À OTTAWA

Justin Trudeau en développer­a-t-il une triskaïdék­aphobie ? La bataille dans Chicoutimi-Le Fjord s’étant soldée lundi soir par l’élection du conservate­ur Richard Martel était la 13e élection partielle fédérale à se dérouler sous son règne de premier ministre, et la première où le chef libéral a perdu des plumes.

Au moment d’écrire ces lignes, avec 85 des 188 boîtes de scrutin dépouillée­s, M. Martel était largement en avance sur ses adversaire­s avec près de 53 % des suffrages exprimés, alors que la candidate libérale, Lina Boivin, traînait loin derrière avec 29 % des voix. La bloquiste Catherine Bouchard-Tremblay, qui a dû faire campagne sans l’aide de l’exécutif local parti en guerre contre la chef Martine Ouellet, récoltait moins de 7 % des voix, ce qui la plaçait au quatrième rang, der- rière le néodémocra­te Éric Dubois qui obtenait 9 %. La candidate du Parti vert, Lynda Youde, se maintenait à 4 %.

Depuis l’élection générale de 2015, 12 élections partielles fédérales avaient eu lieu : sept provoquées par le départ d’un député conservate­ur et cinq par le départ d’un libéral. Les troupes de Justin Trudeau avaient réussi à non seulement conserver leurs cinq sièges, mais à en arracher deux aux conservate­urs, dont celui de Lac-Saint-Jean laissé vacant par l’ancien ministre Denis Lebel. Lundi a marqué une rupture avec cette succession de victoires. Les libéraux n’ont pas réussi à conserver Chicoutimi-Le Fjord que Denis Lemieux avait ravi pour eux en 2015. Il a démissionn­é cet automne pour des raisons personnell­es.

Cette victoire conservatr­ice constitue un revirement marqué puisqu’en 2015, le candidat de Stephen Harper avait terminé la course en quatrième place avec 17% des suffrages exprimés. Richard Martel est très connu dans sa région, lui qui a été entraîneur dans la ligue de hockey junior majeur du Québec.

Inversemen­t, l’effondreme­nt des votes néodémocra­tes et bloquistes s’est confirmé. Le parti de Thomas Mulcair avait terminé en 2015 à quelques votes du vainqueur libéral, avec 30% des voix. Quant au Bloc québécois, il était en voie de n’obtenir que le tiers des 20,5 % récoltés en 2015.

Les conservate­urs accordaien­t beaucoup d’importance à l’élection de lundi, la présentant comme le prélude à leur reconquête du Québec. Chicoutimi-Le Fjord a la particular­ité d’avoir été représenté­e par les quatre principaux partis politiques fédéraux depuis 1984. La semaine dernière, dans les coulisses conservatr­ices, on s’attendait déjà à ce qu’une victoire soit minimisée par les adversaire­s au motif que c’est la notoriété locale de Richard Martel et non la stature nationale de son chef, Andrew Scheer, qui lui a permis d’être élu. « Mais, nous, on se dit que c’est parce que notre chef doit être plutôt bon qu’il réussit à recruter des Richard Martel. »

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Richard Martel

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