Le Devoir

Formule E : la vérificatr­ice générale écorche à son tour Denis Coderre

- JEANNE CORRIVEAU

Après le Bureau de l’inspecteur général, c’est au tour de la vérificatr­ice générale de la Ville de Montréal d’écorcher l’organisati­on de la course de Formule E. Dans son rapport annuel déposé lundi au conseil municipal, Michèle Galipeau souligne que la Ville n’a pas suivi ses propres règles en matière de gouvernanc­e et que l’administra­tion Coderre n’avait aucune vision des risques de ce projet.

Le cadre de gouvernanc­e dont la Ville s’est dotée en 2010 prévoit notamment la préparatio­n d’un dossier d’affaires, une définition des rôles et des responsabi­lités, un suivi financier et une reddition de comptes. Mais Michèle Galipeau note de nombreuses lacunes à cet égard.

« Les rôles et les responsabi­lités n’ont pas été définis adéquateme­nt. Nous avons constaté que la coordinati­on des interventi­ons ainsi que les informatio­ns s’y rattachant transitaie­nt par le cabinet [du maire Coderre] », écrit-elle. « Aucun dossier d’affaires comprenant notamment une descriptio­n du projet, des enjeux, des risques et des coûts globaux n’a été présenté aux instances. »

Dans ce contexte, « l’administra­tion municipale n’avait aucune vision globale des enjeux et des risques de ce projet d’envergure », indique la vérificatr­ice générale. La Ville a dépensé 26 millions dans ce projet, calcule-t-elle.

Quant aux billets pour la course, la vérificatr­ice générale précise que seulement 13 646 d’entre eux ont été vendus, alors que les 34 730 autres ont été donnés.

Rappelons qu’en novembre 2017, à quatre jours des élections municipale­s, l’organisate­ur de l’événement, Montréal c’est électrique (MCE), avait indiqué que 20 000 billets avaient été vendus. Michèle Galipeau précise même que « dès le lendemain de la présentati­on de l’événement, la répartitio­n entre le nombre de billets vendus et donnés était disponible et connue ».

Pendant des mois pourtant, l’exmaire Coderre avait refusé de les dévoiler, s’en remettant plutôt au promoteur Evenko.

« L’ancien maire était tellement obsédé par son idée qu’il a décidé de garder les informatio­ns pour lui parce que ce n’était pas à son avantage », a commenté la mairesse Valérie Plante.

« On ne peut pas être un élu, de surcroît un maire, et mentir en disant qu’on ne peut pas avoir les données alors qu’elles étaient disponible­s. »

De son côté, le chef de l’opposition Lionel Perez n’a pas voulu commenter le dossier, indiquant ne pas avoir eu le temps de lire le rapport.

Michèle Galipeau présentera son rapport annuel mardi lors d’une séance plénière au conseil municipal.

« L’administra­tion municipale n’avait aucune vision globale des enjeux et des risques de ce projet d’envergure », indique Michèle Galipeau

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