Le Tanguy canadien
Le phénomène Tanguy décrit la situation de jeunes adultes qui refusent de quitter le giron familial, considérant que les avantages d’y rester minimisent les inconvénients de le quitter. Appliqué au peuple québécois, ce réflexe de vouloir demeurer canadien, tout en niant une partie de son identité reliée à sa différence et à son histoire, est en train de se concrétiser dans le choix électoral à venir.
Comme l’affirmait récemment Michel David, le Québec est en phase de passer à côté du véritable changement qui résulterait de la mutation de son état de province à celui de pays. Dans le contexte actuel, les électeurs avides de « nouveautés » bombent le torse pour appuyer une CAQ qui propose des changements cosmétiques en présentant de nouveaux visages qui joueront la même pièce que celle du gouvernement précédent.
Denys Arcand, dans son film Le confort et l’indifférence, présentait déjà une population plus consommatrice que citoyenne […], craignant de perdre un confort matériel qui l’emprisonne dans le déni.
Pourtant, l’histoire québécoise fut faite de résistance et d’affirmation pour le maintien d’une identité autour d’une langue française et d’institutions qui lui sont propres. De porteurs d’eau à celui de porteurs de culture, la société québécoise a su maintenir ses assises et inventer des avenues prometteuses d’avenir dans tous les domaines de son développement [...].
Oui, le véritable changement n’est pas dans le camp fédéraliste qui nous propose le statu quo avec ses confrontations, ses délais interminables, ses compromissions et la marginalisation des idéaux québécois. Offrons-nous le confort d’être chez nous dans un pays qui sera à l’image de notre différence, et où tous les Tanguy hésitants oseront tenter l’aventure de leur libération. Marcel Perron Neuville, le 18 juin 2018