Cinq choses à savoir
Le scandale a déjà coûté plus de 25 milliards à Volkswagen
Le scandale des moteurs diesel truqués éclabousse depuis trois ans l’ensemble de l’industrie automobile mondiale.
Le 18 septembre 2015, l’agence environnementale américaine (EPA) accuse Volkswagen (VW) d’avoir installé un «logiciel truqueur» sur des centaines de milliers de véhicules diesel fabriqués à partir de 2009 pour les faire paraître moins polluants qu’ils ne le sont réellement.
Le logiciel enclenche un mécanisme interne de limitation des gaz polluants pendant les contrôles. Les enquêteurs découvrent que les émissions réelles d’oxyde d’azote — un gaz à l’origine de maladies respiratoires et cardiovasculaires — sont jusqu’à 40 fois supérieures à la limite légale.
Décès prématurés
VW reconnaît avoir truqué 11 millions de véhicules, dont 8,5 millions en Europe et 600 000 aux États-Unis. Ces véhicules portent pour la plupart la marque Volkswagen, mais la tricherie concerne également d’autres marques du groupe comme Audi, Porsche, Seat et Skoda. En mai 2018, les autorités allemandes ordonnent le rappel de 60 000 Porsche équipées de logiciels «non autorisés». Le mois suivant, elles annoncent une enquête sur « des soupçons de manipulation » des moteurs diesel de 60 000 Audi A6 et A7 dans le monde.
D’après une étude scientifique publiée en 2017, les gaz polluants émis par les véhicules trafiqués du groupe en circulation sur les routes allemandes devraient provoquer 1200 décès prématurés en Europe.
Conséquences différentes
Les conséquences pour les propriétaires de voitures incriminées sont très différentes des deux côtés de l’Atlantique. Aux États-Unis, où les normes antipollution sont plus strictes, le groupe a accepté de réparer ou racheter près de 600 000 voitures et d’indemniser leurs propriétaires.
Mais en Europe, où ont été vendues la grande majorité des voitures truquées, VW n’a pas dédommagé ses clients car la situation et la législation y sont, selon lui, différentes de celles rencontrées aux États-Unis.
En Allemagne, plusieurs enquêtes ont été ouvertes pour fraude, manipulation de cours ou publicité mensongère. Deux hauts responsables du groupe Volkswagen ont été incarcérés : le patron d’Audi Rupert Stadler en juin, et un haut responsable de Porsche, Jörg Kellner, en avril. Wolfgang Hatz, qui a notamment été chef du développement des moteurs chez Audi de 2001 à 2007, est également en détention.
L’ancien p.-d.g. de VW Martin Winterkorn et ses successeurs Martin Müller et Herbert Diess sont visés par des investigations.
Aux États-Unis, Volkswagen a accepté de payer plus de 22 milliards de dollars pour contenter autorités, clients et concessionnaires. Le groupe a également accepté une amende d’un milliard d’euros en Allemagne.
VW n’encourt plus de poursuites judiciaires de la part des autorités américaines, mais les employés du groupe à titre individuel restent menacés.
Huit anciens et actuels dirigeants de Volkswagen et un cadre d’Audi ont été inculpés, dont M. Winterkorn.
Parmi eux, deux ont déjà été condamnées à des peines de prison.
Numéro un mondial
Des enquêtes et des plaintes visent également le groupe en France, en Italie, au Royaume-Uni et en Pologne. Le scandale a déjà coûté à Volkswagen plus de 25 milliards de dollars en rappels de véhicules et procédures judiciaires. Mais ses conséquences financières ont été limitées pour le groupe aux 12 marques qui reste numéro un mondial devant le japonais Toyota.
Après la découverte du scandale en 2015, le p.-d.g. Martin Winterkorn démissionne. Il est remplacé par Matthias Müller, alors patron de Porsche, qui entreprend une restructuration massive tournée vers l’électrification et supprime 30 000 postes.
En 2015, Volkswagen subit une perte historique de 1,6 milliard d’euros. Mais il revient dans le vert en 2016 et, en 2017, double son bénéfice net sur un an à 11,35 milliards d’euros. En avril 2018, Matthias Müller est remplacé par l’Autrichien Herbert Diess.
Protéger le moteur?
Des tests menés après la découverte du Dieselgate ont permis d’établir que les moteurs diesel d’autres constructeurs s’avéraient également plus polluants dans la réalité que lors des contrôles. Mais il n’existe à ce stade aucun élément permettant de conclure formellement à des fraudes.
Les constructeurs ont argué que les réglementations les autorisaient, dans certaines circonstances, à désactiver les systèmes de contrôle des émissions polluantes pour protéger le moteur.