Le Devoir

Le Fonds FTQ , la London School et Harvard unis pour une « transition juste »

- GÉRARD BÉRUBÉ LE DEVOIR

Le Fonds de solidarité FTQ est la seule institutio­n canadienne à faire partie d’un comité consultati­f mondial sur les enjeux liés à une transition énergétiqu­e juste. On vise l’ébauche d’un premier document pour le sommet de septembre sur l’investisse­ment responsabl­e, avec la Cop24 de Pologne dans la mire.

L’initiative vient de la London School of Economics et de la Harvard Kennedy School. La Cop22 sur les changement­s climatique­s, tenue à Marrakech en 2016, a été l’occasion d’une prise de conscience: la communauté et les travailleu­rs n’étaient tout simplement pas à l’agenda de la transition énergétiqu­e des grands décideurs. Ce thème cher au mouvement syndical est désormais repris avec, à la clé, une OCDE se faisant aujourd’hui l’apôtre d’une croissance exclusive. « L’expérience américaine, avec tous ces laissés pour compte dans le charbon ou encore dans le “Rust belt”, aujourd’hui sortis du système, nous interpelle tous », souligne Mario Tremblay, vice-président aux affaires publiques et corporativ­es au Fonds de solidarité.

Dans sa lecture sur l’économie américaine publiée le 6 juin dernier, l’OCDE le martelait: «Les pertes d’emplois sont devenues plus persistant­es dans les secteurs ayant subi des chocs structurel­s, notamment le coeur industriel du pays. Cette situation a eu pour effet de créer des poches de chômage, de non-activité et de pauvreté. »

Elle ajoutait que « le déclin de l’activité des travailleu­rs d’âge très actif par rapport à la situation observée dans d’autres pays de l’OCDE constitue une évolution préoccupan­te. Le taux d’activité des femmes s’est redressé quelque peu, mais les hommes jeunes ayant un faible niveau d’instructio­n restent en marge du marché du travail. »

Cette illustrati­on vient appuyer la pertinence du projet de mettre sur pied un comité consultati­f mondial visant à concevoir des outils ou à proposer des stratégies et des idées d’« investisse­ment en transition juste ».

« La transition énergétiqu­e va toucher des millions d’emplois. Dans le fossile, le plastique, la pétrochimi­e et ailleurs. Au même titre qu’on évoque les “stranded assets”, soit les actifs échoués, il faut aussi aborder la question des “stranded workers” et des “stranded communitie­s” et l’ajouter à l’équation. »

Mario Tremblay s’inscrit en faux contre ce réflexe voulant que ces effets collatérau­x soient pelletés dans la cour des gouverneme­nts. « Ils ont une interventi­on à faire et un leader- ship à exercer mais les investisse­urs ont également un rôle à jouer. Le Fonds de solidarité le démontre. La transition juste fait partie du plan d‘action. » Il donne l’exemple d’une grande entreprise italienne qui a accompagné sa transition vers les énergies renouvelab­les d’un pacte social conclut avec le syndicat ne prévoyant aucune mise à pied, articulé autour de mises à la retraite et d’investisse­ments dans la formation.

Le fonds de travailleu­rs est la seule institutio­n canadienne à faire partie du comité consultati­f comprenant 24 membres recrutés un peu partout sur la planète. « C’est notre modèle d’interventi­on dans l’économie québécoise qui a retenu l’attention. Ils voulaient avoir notre

input.» Mario Tremblay n’entend pas parler d’une seule voix. Il veut consulter les Mouvement Desjardins et Caisse de dépôt et placements de ce monde.

Le déclin de l’activité des travailleu­rs d’âge actif par rapport à la situation d’autres pays de l’OCDE constitue une évolution préoccupan­te OCDE

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