Le Devoir

Trump défend sa politique

Le président agite le spectre de l’Europe pour justifier ses décisions

-

Donald Trump s’est invité lundi dans la crise politique en Allemagne, brandissan­t le spectre d’une immigratio­n hors de contrôle en Europe pour justifier sa politique d’extrême fermeté aux frontières américaine­s, où quelque 2000 enfants migrants ont déjà été séparés de leurs parents.

« Le peuple allemand est en train de se retourner contre ses dirigeants alors que l’immigratio­n secoue la coalition déjà fragile de Berlin », a tweeté le président américain alors que la chancelièr­e allemande, Angela Merkel, joue sa survie politique.

«La criminalit­é en Allemagne est très en hausse. Grosse erreur dans toute l’Europe que de laisser entrer des millions de personnes qui ont si fortement et violemment changé leur culture!» a poursuivi Donald Trump, contredisa­nt les statistiqu­es officielle­s allemandes montrant une baisse de la criminalit­é en 2017.

« Nous ne voulons pas que ce qui se passe avec l’immigratio­n en Europe se passe avec nous ! » a-t-il encore lancé.

Une salve de tweets matinaux aux airs de contre-offensive face à la pression montante aux États-Unis pour que le président mette fin aux séparation­s de familles migrantes à la frontière, alimentée par des récits déchirants, l’indignatio­n, y compris dans le camp républicai­n, et le malaise exprimé par Melania Trump elle-même.

Problème législatif

Face à la tempête de réactions outrées jusque dans les milieux religieux conservate­urs très influents sur son électorat, Donald Trump tient le même cap depuis des jours, martelant que la responsabi­lité revient aux démocrates.

Le bras de fer semble désormais de toute évidence destiné à pousser une réforme de l’immigratio­n qui patine depuis des mois au Congrès. Certains républicai­ns modérés et des démocrates avaient accepté cet hiver de financer un mur à la frontière mexicaine en échange de la régularisa­tion de centaines de milliers de jeunes arrivés mineurs aux États-Unis, mais la volonté de Donald Trump d’inclure une limite à l’immigratio­n légale avait fait capoter cette loi. Et bloque pour l’instant toute avancée.

« CHANGEZ LES LOIS », a tonné le président dans un tweet lundi. « C’est la faute des démocrates qui sont faibles et inefficace­s sur la sécurité aux frontières et la criminalit­é. Dites-leur de commencer à penser aux gens dévastés par la criminalit­é venant de l’immigratio­n illégale. »

Dans un même souffle, Donald Trump a de nouveau lié sur Twitter les séparation­s de familles de migrants, dont beaucoup viennent d’Amérique centrale où la violence est endémique, aux questions de sécurité : « Des enfants sont utilisés par les pires criminels sur terre comme un moyen d’entrer dans notre pays. Est-ce que quelqu’un a regardé la criminalit­é au sud de la frontière ? C’est historique, certains pays étant les endroits les plus dangereux du monde. Ça n’arrivera pas aux États-Unis. »

Immigratio­n illégale

Sans détour, plusieurs hauts responsabl­es de la Maison-Blanche ont affiché clairement l’argument de la dissuasion des candidats à l’immigratio­n illégale.

« Nous ne pouvons pas et n’allons pas encourager les gens à amener des enfants en leur donnant une vaste immunité face à nos lois », a encore déclaré lundi le ministre de la Justice, Jeff Sessions.

« Si nous construiso­ns le mur, si nous passons une loi pour mettre un terme au non-droit, nous n’aurons plus à faire face à ces choix terribles », a-t-il affirmé, alors que Donald Trump pourrait rencontrer les républicai­ns au Congrès mardi, selon le Wall Street Journal.

Outre Melania Trump, l’ex-première dame Laura Bush a rompu sa traditionn­elle discrétion avec des mots forts, en dénonçant une politique « cruelle ».

«Les enfants ne doivent pas être traumatisé­s en étant séparés de leurs parents », a affirmé lundi le porte-parole de l’ONU, Stéphane Dujarric, à propos de la politique d’extrême fermeté menée aux frontières américaine­s. Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, « a comme position de principe que les réfugiés et les migrants doivent toujours être traités avec respect et dignité, en accord avec le droit internatio­nal», a précisé le porte-parole dans un communiqué. « L’unité des familles doit être préservée », a-t-il ajouté dans ce texte qui représente une rare critique de l’ONU contre la politique intérieure de Donald Trump.

 ?? SUSAN WALSH ASSOCIATED PRESS ?? Donald Trump a de nouveau lié sur Twitter les séparation­s de familles de migrants, dont beaucoup viennent d’Amérique centrale où la violence est endémique, aux questions de sécurité.
SUSAN WALSH ASSOCIATED PRESS Donald Trump a de nouveau lié sur Twitter les séparation­s de familles de migrants, dont beaucoup viennent d’Amérique centrale où la violence est endémique, aux questions de sécurité.

Newspapers in French

Newspapers from Canada