Le Devoir

Les Lions sénégalais, espoirs du continent africain en Coupe du monde de soccer

Les Lions forment la seule équipe du continent ayant réussi à signer une victoire lors de l’actuelle Coupe du monde

- KARL RETTINO-PARAZELLI

La question revient presque systématiq­uement à chaque Coupe du monde : est-ce que ce sera l’année de l’Afrique ? Est-ce que ce continent fortement peuplé, où le soccer se joue pratiqueme­nt partout, parviendra à porter l’un de ses représenta­nts jusqu’en finale du plus grand tournoi qui soit ?

En 2014, tous les espoirs étaient permis lorsque le Nigeria et l’Algérie se sont frayé un chemin jusqu’en huitièmes de finale, avant d’être éliminés respective­ment par la France et l’Allemagne. Quatre ans plus tôt, le Ghana a fait encore mieux, perdant son match de quart de finale aux tirs aux buts contre l’Uruguay.

Et cette année ? Disons que c’est mal parti. L’Arabie saoudite a d’abord subi l’humiliatio­n face à la Russie lors du match d’ouverture, puis ce fut au tour de l’Égypte, du Maroc et du Nigeria de perdre coup sur coup leur premier duel.

Ne restait plus que le Sénégal pour sauver la mise. Cette équipe, qui en est à sa deuxième phase finale de la Coupe du monde et à sa première depuis qu’elle a atteint les quarts de finale en Corée du Sud en 2002, affrontait mardi la Pologne, un adversaire que les observateu­rs voyaient au sommet du groupe H, avec la Colombie.

Les Lions ont profité de leur vitesse — et d’un peu de chance — pour prendre le dessus sur leur adversaire européen et son attaquant vedette, Robert Lewandowsk­i. La victoire n’a pas été écrasante (2-1), mais la tenue des Sénégalais a suffisamme­nt impression­né pour permettre de croire à un long parcours dans ce tournoi.

« Aujourd’hui, le Sénégal représente tout le continent africain, a souligné mardi le sélectionn­eur du Sénégal, Aliou Cissé, qui était capitaine de l’équipe nationale lors de sa formidable performanc­e en 2002. Nous représento­ns le Sénégal, nous représento­ns notre pays, mais je peux vous garantir que tout le continent soutient notre équipe. »

Dans les grandes ligues

Il faut dire que la présence du Sénégal dans les dernières semaines du tournoi ne relèverait pas en tout point du conte de fées que certains imaginent sans doute. Cette équipe est loin d’être formée de joueurs anonymes, pour qui la Coupe du monde de la FIFA est une rare occasion de goûter à du soccer de haut niveau.

Sur son effectif total de 23 joueurs, pas moins de 17 évoluent dans une équipe de première division des cinq plus grandes ligues du monde (Angleterre, Espagne, Italie, Allemagne et France). En fait, le Sénégal est la seule formation du tournoi, avec la Suède, dont les joueurs évoluent tous à l’extérieur de leur pays.

Parmi eux, l’attaquant Sadio Mané, qui a fait la pluie et le beau temps aux côtés de Mohamed Salah cette saison à Liverpool, constitue assurément une arme de choix. Ce sera toutefois en équipe que le Sénégal connaîtra du succès, assure son entraîneur. « Ce qui est important pour nous, ce n’est pas les individual­ités, c’est le collectif », a-t-il affirmé mardi.

Devenue le porte-étendard de son continent, cette équipe sénégalais­e peut par ailleurs compter sur une feuille de route impression­nante, elle qui n’a perdu aucun match lors de sa qualificat­ion pour la phase finale de la Coupe du monde… ou presque. Pour la petite histoire, elle s’est inclinée contre l’Afrique du Sud en novembre 2016, mais le match a finalement été annulé lorsque la FIFA a découvert que l’arbitre ghanéen en poste avait manipulé le match en sifflant un penalty improbable. Joseph Odartei Lamptey a finalement été suspendu à vie et l’Afrique du Sud, éliminée.

Les Lions sénégalais sont donc confiants, mais ils assurent qu’ils ne prennent pas leurs prochains adversaire­s à la légère. Après tout, les Japonais ont surpris la Colombie mardi (2-1), une victoire qui leur permet eux aussi de croire en leurs moyens.

Et, à propos des déboires des équipes africaines, qui aurait pu prédire que la Russie, tombeuse de l’Égypte mardi malgré le retour tant attendu de Salah, parviendra­it à marquer huit buts en deux matchs ?

Si l’Arabie saoudite parvient à battre l’Uruguay mercredi, l’Égypte aura encore une mince chance de passer en huitièmes de finale. Mais aussi bien le dire tout de suite : c’est hautement improbable. Il vaut donc mieux s’y faire : il y aura bientôt deux équipes africaines en moins dans cette Coupe du monde.

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 ?? EDUARDO VERDUGO ASSOCIATED PRESS ?? Mbaye Niang (à droite) célèbre en dansant avec ses coéquipier­s, après avoir marqué le deuxième but des Sénégalais contre la Pologne.
EDUARDO VERDUGO ASSOCIATED PRESS Mbaye Niang (à droite) célèbre en dansant avec ses coéquipier­s, après avoir marqué le deuxième but des Sénégalais contre la Pologne.

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