Le Devoir

Le troisième genre

- ÈVE LABOISSONN­IÈRE

La Fédération autonome de l’enseigneme­nt, qui représente 34 000 enseignant­es et enseignant­s, décerne un prix à deux jeunes pour avoir rédigé les meilleures lettres d’opinion dans le cadre de son concours Héros – La grande rédaction. La lauréate du prix offert par Le Devoir voit son texte publié ici et reçoit un abonnement d’un an au quotidien. Elle étudie en 4e secondaire à l’École de la Haute-Ville, à Granby, en Montérégie.

Êtes-vous un homme ou une femme ? Telle est la question posée dans de multiples rencontres, inscriptio­ns et formulaire­s. Est-il possible de se définir comme ni l’un ni l’autre ? Ce qui m’amène à me poser la question suivante: « Est-ce que les personnes non binaires devraient avoir une place dans la société québécoise en 2018 ? » Pour ma part, je crois que ces individus devraient avoir une place dans notre société et même avoir une plus grande reconnaiss­ance de leur identité de genre. Le respect des droits de la personne et les aspects social et personnel méritent d’être considérés.

En premier lieu, je suis pour que la non-binarité ait plus de considérat­ion dans notre société pour des raisons concernant le respect des droits de la personne. Saviez-vous qu’en vous opposant au genre non binaire vous ne respectez pas les droits de la personne ? Selon l’article 10 de la Charte des droits et libertés de la personne québécoise : «Toute personne a droit à la reconnaiss­ance et à l’exercice, en pleine égalité, des droits et libertés de la personne, sans distinctio­n, exclusion ou préférence fondée sur […] l’identité ou l’expression de genre […] » L’identité de genre, tout comme l’identité sexuelle, par exemple, se doit d’être reconnue et acceptée dans la société québécoise.

Savez-vous seulement ce qu’est l’identité de genre ? Selon l’Organisati­on mondiale de la santé (OMS), « par “genre”, on entend les caractéris­tiques des femmes et des hommes résultant d’une constructi­on sociale, par exemple les normes, les rôles et les relations entre les sexes. […] Il est également important de reconnaîtr­e les identités qui n’entrent pas dans le cadre binaire du sexe masculin ou féminin ». Aussi, plusieurs personnes croient que l’apparition du 3e genre rime avec la disparitio­n des genres.

À mes oreilles, l’avènement de ce nouveau genre ne signifie aucunement la disparitio­n des genres. Il représente seulement la liberté de pouvoir se définir tel qu’on le souhaite en étant reconnu. Ce qui, selon moi, correspond totalement au respect de la personne. Bref, je crois que la non-binarité devrait être reconnue dans la société québécoise actuelle afin de respecter les droits de la personne puisque ne pas le faire en serait une violation.

En deuxième lieu, je suis pour qu’on accorde une plus grande place aux personnes non binaires dans la société québécoise pour des raisons sociales et personnell­es. Pourquoi devrait-on absolument classer les gens dans des catégories bien définies telles que femme ou homme ? Selon moi, une personne non binaire est une personne au même titre qu’un homme ou une femme. Accepter et reconnaîtr­e l’identité de ces individus est faire preuve de respect, de tolérance, d’ouverture et d’humanité. Je crois que beaucoup de personnes ne savent pas vraiment ce qu’est la nonbinarit­é, qui se définit par le fait d’être ni exclusivem­ent femme ni exclusivem­ent homme. Certains individus au Québec sont en désaccord avec le fait de ne plus indiquer homme ou femme sur les permis de conduire. Je ne comprends par leur point de vue. Pourquoi voient-ils un inconvénie­nt à se faire définir comme un humain et par la même occasion à respecter les individus qui ne souhaitent pas avoir un genre binaire? Ceux qui contestent l’omission du sexe sur le permis de conduire ont-ils déjà tenté de s’imaginer ce que les personnes ni homme ni femme ressentaie­nt lorsqu’on les obligeait à se catégorise­r dans une case qui ne les représente pas seulement en fonction de leurs organes génitaux ? Nous ne devrions pas nous baser sur ce qu’un individu a entre les jambes pour le définir, car l’être humain est beaucoup plus complexe et évolué que cela. Bref, je crois que le genre non binaire au Québec devrait être reconnu pour des raisons sociales et personnell­es, car les personnes s’identifian­t à ce genre devraient pouvoir être reconnues comme toutes les autres.

Finalement, je crois que les personnes non binaires devraient être davantage acceptées et reconnues dans la société québécoise en 2018 puisque les gens évoluent et que la société devrait en faire autant. Je crois fermement à cela puisque c’est faire preuve de respect envers les droits de la personne et que c’est socialemen­t important. Alors, quel pronom utiliserez-vous à l’avenir pour désigner un individu non binaire ? Llle ou Iel ?

Les personnes non binaires devraient être davantage acceptées et reconnues dans la société québécoise en 2018 puisque les gens évoluent et que la société devrait en faire autant

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