Le Devoir

Les cas de maladie de Lyme ont doublé en Montérégie

- ISABELLE PARÉ

La maladie de Lyme continue sa progressio­n au Québec. Le nombre de cas déclarés en Montérégie a presque doublé l’an passé, frôlant le taux d’incidence endémique observé dans certains États américains de la Nouvelle-Angleterre.

La Direction de la santé publique (DSP) de la Montérégie, une des régions où la tique à pattes noires est la plus implantée au Québec, a confirmé mercredi que le petit insecte gagne sans cesse du terrain, notamment dans des secteurs plus au nord. Passé de 56 cas déclarés en 2016 à 102 en 2017, le nombre d’infections rapportées a explosé en un an et le tiers des Québécois affectés proviennen­t désormais de la Montérégie. Pas moins de 122 des 147 municipali­tés montérégie­nnes sont jugées « à risque élevé d’exposition aux tiques ».

Cette hausse marquée s’expliquera­it non seulement en raison de la proliférat­ion de la tique, mais aussi à cause des progrès faits pour diagnostiq­uer l’infection et signaler les cas aux autorités.

« Dans les États limitrophe­s du Québec, comme le Vermont et l’État de New York, on atteint 8 cas par 100 000 habitants. On s’approche en Montérégie de 7 cas pour 100 000 personnes », a souligné la Dre Julie Loslier, directrice de la Santé publique de la Montérégie.

L’Estrie et la Montérégie

L’an dernier, la Direction de la santé publique du Québec avait observé en date du mois de juin 329 cas de maladie de Lyme pour tout le Québec, dont 76 % avaient été contractés au Québec, 21 % hors du Québec (majoritair­ement aux États-Unis et en Ontario) et 3% dans un autre lieu. Les chiffres dévoilés par la Montérégie confirment que désormais plus de 80 % des Montérégie­ns infectés l’ont été dans leur région.

Si le sud-ouest du Québec est un des foyers les plus prospères pour la tique, l’Estrie compte toujours la plus grande proportion de cas au Québec, avec 39 % des infections rapportées (137 cas en 2017) au Québec, l’Outaouais, les Laurentide­s, Lanaudière et la Mauricie ne comptant qu’un très faible nombre de cas (respective­ment six, trois, quatre et cinq chacun). Mais ce tableau pourrait évoluer avec les changement­s climatique­s.

« À la vitesse où l’on observe l’augmentati­on, on peut penser que ça va s’étendre à d’autres régions. Il y a des traces au centre du Québec », a ajouté la Dre Loslier.

Malgré la forte croissance des cas observés en Montérégie en 2017, les porte-parole de la Santé publique ont tenu à rassurer la population sur les risques posés par la tique, dont seulement 20% des spécimens sont porteurs de la bactérie Borrelia burgdorfer­ii causant la maladie.

« On parle de seulement 102 cas, mais ça peut être beaucoup, parce qu’il s’agit d’une maladie qui peut être prévenue, et surtout qui peut avoir des séquelles », a fait valoir la directrice de la DSP de la Montérégie.

Le Dr François Milord, médecincon­seil pour la DSP de la Montérégie, affirme quant à lui que les risques d’infection sont minimes si l’insecte piqueur est enlevé rapidement.

«Si la tique est enlevée dans la même journée, il n’y a pas de risque d’infection », a-t-il dit, affirmant que la littératur­e scientifiq­ue établit à 24 à 36 heures le temps nécessaire à l’insecte pour transmettr­e la bactérie délétère.

Faute de traitement, des symptômes plus graves peuvent se manifester un à trois mois après l’infection. Un traitement préventif aux antibiotiq­ues est d’ailleurs désormais accessible sur demande et sans prescripti­on à toute personne ayant subi une piqûre de tique dans certains secteurs géographiq­ues de la Montérégie.

Rester actif

Si les autorités appellent à la vigilance, elles affirment que les citoyens ne doivent pas s’abstenir de pratiquer des activités extérieure­s ou des sports de plein air en raison de la tique.

Hors des boisés et des hautes herbes qu’affectionn­e la tique, les risques de piqûre sont peu élevés, ajoute la DSP. En forêt ou dans les champs, des mesures de prévention et de protection simples, comme le port de souliers fermés, de chaussette­s et de vêtements longs ainsi que l’utilisatio­n de produits à base de DEET peuvent empêcher le contact avec l’insecte.

Les retraités actifs plus à risque

Les chiffres rapportés par la Montérégie révèlent que ce sont les personnes âgées de 60 à 71 ans qui sont le plus souvent victimes de piqûres de tiques, ainsi que les jeunes.

«Notre explicatio­n est que les personnes de cet âge passent plus de temps à pratiquer des activités extérieure­s », explique la Dre Loslier.

Les enfants qui jouent à l’extérieur ou qui fréquenten­t des zones boisées lors de sorties en plein air ou de camps de jour doivent être inspectés lors de leur retour à la maison pour déceler la présence de tiques, conseillen­t les médecins. Des courriels ont d’ailleurs été envoyés aux écoles de la Montérégie pour informer les parents des mesures de prévention à prendre.

Quant aux animaux de compagnie, souvent victimes de la morsure de la tique en zones endémiques, le Dr Mi- lord juge qu’ils ne constituen­t pas un risque pour les humains.

«Une fois accrochée à l’animal, la tique ne va plus le quitter. Si elle se détache, le domicile est pour elle un environnem­ent hostile où elle va mourir après quelques jours. Être infecté par un animal de compagnie n’est pas un enjeu », dit-il.

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JACQUES NADEAU LE DEVOIR Le tiers des Québécois affectés proviennen­t désormais de la Montérégie.

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