Le Devoir

May réussit à faire passer son projet de loi sur le Brexit

- ALICE RITCHIE

Theresa May a réussi mercredi à faire passer au Parlement britanniqu­e son projet de loi sur le Brexit, étouffant de justesse une fronde de députés europhiles de son propre camp, mais la première ministre aura du mal à conclure un accord d’ici octobre avec Bruxelles.

Ce projet de loi, crucial dans la mise en oeuvre du Brexit, a connu un tortueux parcours au Parlement depuis le début de son examen en septembre. Le gouverneme­nt a essuyé plusieurs camouflets, illustrant les divisions persistant­es sur la manière de sortir de l’Union européenne.

Le texte doit permettre au Royaume-Uni de continuer à fonctionne­r normalemen­t lorsqu’il aura coupé le cordon avec le bloc européen le 29 mars 2019. Concrèteme­nt, il doit mettre fin à la suprématie du droit européen sur le droit national britanniqu­e et intégrer dans le droit britanniqu­e les lois communauta­ires.

In extremis

C’est en lâchant à la dernière minute, mercredi, une concession sur le rôle du Parlement dans le processus du Brexit que Theresa May a réussi à faire rentrer dans les rangs les députés conservate­urs europhiles réclamant que le dernier mot sur l’accord final avec Bruxelles — s’il y en a un — revienne au Parlement.

Alors qu’il se bornait jusqu’ici à offrir aux parlementa­ires un vote consultati­f sur l’éventuel accord final, sans possibilit­é de s’opposer au résultat des négociatio­ns, l’exécutif s’est engagé à accorder au Parlement un possible droit de regard. En clair, il reviendra au président du Parlement de décider si les députés peuvent proposer des amendement­s. Mercredi, les députés ont rejeté par 319 voix un amendement au projet de loi de sortie de l’UE présenté par des rebelles tories prévoyant un pouvoir d’interventi­on renforcé pour le Parlement en cas d’absence d’accord. Ils sont 303 à avoir voté pour.

La propositio­n du gouverneme­nt, qui ne dispose que d’une mince majorité d’une dizaine de sièges, a quant à elle été adoptée par acclamatio­n. «C’est une reconnaiss­ance évidente de la souveraine­té de cet endroit », a dit un Tory rebelle, Dominic Grieve, en apportant son soutien à l’exécutif.

Mme May doit constammen­t jouer les équilibris­tes pour satisfaire les exigences des deux ailes de son parti, entre europhiles voulant maintenir des liens étroits avec l’UE après la sortie du club et europhobes qui veulent rompre les amarres de manière nette.

La confusion qui règne à Londres inquiète de plus en plus à Bruxelles, rendant plus qu’incertaine la conclusion d’un accord en octobre, comme initialeme­nt prévu, afin de permettre aux différents parlements nationaux et au Parlement européen de s’exprimer avant la date fatidique du 29 mars.

Mme May doit constammen­t jouer les équilibris­tes pour satisfaire les exigences des deux ailes de son parti

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