Le Devoir

Les négociatio­ns s’accélèrero­nt

Chrystia Freeland promet de l’aide aux secteurs de l’acier et de l’aluminium canadiens

- ÉRIC DESROSIERS

Loin d’être dans l’impasse, la renégociat­ion de l’ALENA se poursuivra cet été, et même s’intensifie­ra, dit Chrystia Freeland qui reste convaincue qu’une entente finira par être trouvée en dépit du protection­nisme de Donald Trump et des rumeurs de guerre commercial­e mondiale qu’il a déclenchée­s.

« J’ai tendance à croire au déterminis­me économique, a expliqué la ministre des Affaires étrangères canadienne lors d’un point de presse mercredi en marge de son passage devant le Conseil des relations internatio­nales de Montréal (CORIM). Je me dis que si la réalité économique veut qu’on s’entende, cela va finir par se produire, malgré les difficulté­s. »

Les négociateu­rs canadiens, américains et mexicains ont déjà bouclé neuf chapitres sur la trentaine que devrait compter la version modernisée de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), a-t-elle rappelé. Portant sur des enjeux comme le commerce électroniq­ue, les télécommun­ications et les mesures sanitaires et phytosanit­aires, ces chapitres ont peu attiré l’attention alors qu’ils s’attaquent justement à la plupart des sources d’irritation dont se plaignaien­t les entreprise­s canadienne­s au début des négociatio­ns.

Sur les enjeux les plus litigieux, en ce qui a trait notamment au délicat secteur de l’auto, à l’extinction automatiqu­e du nouvel accord après cinq ans ou encore à son mécanisme d’arbitrage, la ministre assure que le Canada continuera de se montrer « ouvert au compromis» et «créatif» afin de trouver des façons de répondre aux demandes américaine­s sans compromett­re ses intérêts économique­s fondamenta­ux.

Après de nombreux rendez-vous manqués, les trois pays se gardent bien désormais de fixer une date à laquelle ils comptent avoir conclu leurs négociatio­ns, entamées l’été dernier. Le représenta­nt américain au Commerce, Robert Lighthizer, a dit s’attendre à une accélérati­on des discussion­s après les élections présidenti­elles mexicaines, le 1er juillet.

Le secrétaire américain au Commerce, Wilbur Ross, a répété mercredi devant un comité sénatorial à Washing- ton que l’imposition de tarifs douaniers contre les importatio­ns d’acier et d’aluminium en provenance du Canada et du Mexique tenait, entre autres, à l’absence d’entente sur l’ALENA. Il a reconnu qu’en dépit de la justificat­ion des sanctions au nom de la défense de la sécurité nationale américaine, les métaux canadiens ne constituai­ent pas une menace et que son pays affichait même un surplus commercial dans l’acier avec le Canada. Il s’est néanmoins justifié en disant craindre que le principal pays visé, la Chine, ne contourne les sanctions américaine­s en faisant transiter ses métaux subvention­nés par le marché canadien.

Chrystia Freeland a rejeté cet argument du revers de la main, faisant valoir que le Canada n’avait aucun intérêt à permettre du dumping chinois sur son territoire. La ministre a dit être encore en discussion avec l’industrie et les provinces sur la meilleure façon de venir en aide aux compagnies victimes des tarifs américains. « Mais nous allons le faire », a-t-elle assuré. Le gouverneme­nt du Québec a déjà annoncé une enveloppe de 100 millions en prêts et garanties de prêts.

Chrystia Freeland s’est félicitée du fait que l’Union européenne, la Chine, le Japon et cinq autres pays se soient joints à sa contestati­on devant l’Organisati­on mondiale du commerce (OMC) des tarifs américains basés sur l’argument de la sécurité nationale. Ces tarifs, a déclaré au CORIM celle qui s’est vu décerner la semaine dernière, à Washington, le prix de la diplomate de l’année par la revue Foreign Policy, « relèvent du protection­nisme pur et simple. C’est un exemple que les États-Unis veulent le beurre et l’argent du beurre, et cela va à l’encontre de toutes les règles qu’ils ont pourtant aidé à écrire ».

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PAUL CHIASSON LA PRESSE CANADIENNE La ministre des Affaires étrangères canadienne était de passage devant le Conseil des relations internatio­nales de Montréal (CORIM) mercredi.

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