Le Devoir

Des lendemains qui chantent

Fame, une comédie musicale qui ne brille pas par sa modernité

- CHRISTIAN SAINT-PIERRE

Au fil des ans, Fame est devenu ce qu’il est convenu d’appeler une franchise. D’abord et avant tout, il y a le film réalisé par Alan Parker en 1980, poignant portrait de génération au High School of Performing Arts de New York, un incontourn­able des teen musicals. Suivit rapidement une télésérie, qui connut six saisons, puis un groupe, The Kids from Fame, qui donna cinq albums. En 2009, le cinéaste Kevin Tancharoen offrit un remake plus ou moins heureux. Quant à la comédie musicale, produite cet été par Juste pour rire, elle a été présentée aux quatre coins du monde depuis sa création en 1988.

En plus de ne pas s’inspirer du scénario initial, ni même de ses personnage­s, la comédie musicale de José Fernandez (livret), Jacques Levy (paroles) et Steve Margoshes (musique) fait également table rase des irrésistib­les chansons signées Michael Gore. Ne vous attendez donc pas à retrouver Hot Lunch Jam, Dogs in the Yard ou Is It Okay If I Call You Mine ? Pas plus que la bouleversa­nte I Sing the Body Electric. C’est un deuil qu’il est impératif de faire avant d’assister au spectacle. Les aventures initiatiqu­es des jeunes Serena, Nick, Carmen, Mabel, Joe, Schlomo, Iris et Tyrone comportent tout de même quelques airs entêtants, à commencer par I Want to Make Magic et Bring on Tomorrow.

La mise en scène de Serge Postigo s’appuie sur des projection­s, jolies, quoique souvent accessoire­s, un plateau tournant tout à fait inutile, des chorégraph­ies énergiques mais tristement illustrati­ves et un jeu généraleme­nt caricatura­l. S’il est franchemen­t moins sexiste que Footloose, présenté dans le même créneau l’an dernier, le spectacle s’embourbe cette fois dans les clichés culturels, dépeignant les origines des personnage­s avec un humour qui manque cruellemen­t de finesse. De l’accent à la gestuelle, en passant par la coiffure et le costume, les stéréotype­s dominent de manière embarrassa­nte. N’aurait-il pas été possible de traduire la diversité de ce groupe d’amis de façon plus inventive, plus moderne ?

En ce qui concerne le jeu, il y a bien peu à se mettre sous la dent. Valérie Laroche, Stéphan Allard et Jean-Raymond Châles campent des enseignant­s crédibles, mais qui passent en coup de vent. Quant à Marie Denise Pelletier, elle est aussi maladroite dans l’interpréta­tion de l’intransige­ante Miss Sherman que bouleversa­nte lorsqu’elle entonne These

Are My Children. Du côté des élèves, quelques-uns se démarquent : Ibrahim Elmi Galib, alias Junbox, un danseur hip-hop exceptionn­el, Gabrielle Fontaine, qui déploie une voix puissante, mais surtout Jordan Donoghue, un interprète qui, grâce à un jeu sensible et à un timbre profond, aura certaineme­nt droit à des lendemains qui chantent.

 ?? LAURENCE LABAT ?? La comédie musicale Fame fait table rase des irrésistib­les chansons signées Michael Gore comme Hot Lunch Jam ou I Sing the Body Electric.
LAURENCE LABAT La comédie musicale Fame fait table rase des irrésistib­les chansons signées Michael Gore comme Hot Lunch Jam ou I Sing the Body Electric.

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