Le Devoir

Les parents d’Alexandre Bissonnett­e brisent le silence

- ISABELLE PORTER

Brisant le silence pour la première fois jeudi, les parents d’Alexandre Bissonnett­e ont dénoncé la sévérité de la Couronne à l’endroit de leur fils en soulignant l’ampleur de ses problèmes de santé mentale et l’intimidati­on dont il a été victime dans le passé.

Dans un texte lu devant les médias, le père du meurtrier, Raymond Bissonnett­e, a d’abord tenu à s’adresser aux victimes. «J’aimerais leur faire part, une fois de plus, en mon nom et au nom de ma famille, de toute notre compassion et notre sympathie. »

« J’ai réalisé à quel point cette communauté se sent isolée et incomprise, a-t-il poursuivi. J’ai réalisé aussi qu’il n’y a absolument rien qui pourrait changer les perception­s à l’égard d’Alexandre et je le comprends très bien. »

À l’exception d’un bref message écrit transmis aux médias en janvier dernier, le couple n’avait fait aucun commentair­e depuis la tuerie.

« Alexandre n’est pas un monstre », a dit Raymond Bissonnett­e alors que sa conjointe pleurait en silence à ses côtés. « Les témoignage­s des psychiatre­s sont venus expliquer les causes probables de son geste. Particuliè­rement l’intimidati­on subie durant des années à l’école. »

Motivation politique

«J’ai beaucoup de difficulté à comprendre l’attitude de la Couronne d’avoir ignoré les problèmes de santé mentale d’Alexandre », a aussi déclaré le père du tueur. À ses yeux, la Couronne a « banalisé » l’importance de l’intimidati­on et son impact sur les jeunes.

La Couronne a recommandé la prison à perpétuité sans possibilit­é de libération conditionn­elle avant 150 ans pour les crimes commis par Alexandre Bissonnett­e le 29 janvier 2017.

Raymond Bissonnett­e a en outre déclaré que l’attitude de la Couronne était à son avis « le résultat d’une volonté politique et non juridique ». Il a conclu son message en insistant sur les ravages causés par les problèmes de santé mentale. « Cette terrible maladie n’a pas de couleur, pas de religion, pas de sexe. Il est impossible de prédire à quel moment de notre vie […] elle peut nous frapper. »

Des regrets

Les observatio­ns sur la peine s’étaient conclues un peu avant par la plaidoirie de l’avocat de la procureure générale du Québec venu défendre la constituti­onnalité des dispositio­ns du Code criminel qui rendent possible un emprisonne­ment de 150 ans.

Me Jean-François Paré a notamment fait valoir que le juge n’était pas obligé de s’en prévaloir. « Votre pouvoir discrétion­naire, il est total, complet », a-til dit. À ses yeux, il appartient au juge

Alexandre n’est pas un monstre RAYMOND BISSONNETT­E

dans sa sentence de s’assurer qu’une peine ne soit pas abusive.

Avant de conclure, le juge Huot a demandé à Alexandre Bissonnett­e de revenir au tribunal le 29 octobre prochain pour entendre sa sentence.

Il lui a ensuite demandé s’il souhaitait déclarer quelque chose. D’une voix hésitante et faible, l’homme de 28 ans a répondu par quelques mots. « Je voudrais réitérer que je regrette atrocement ce que j’ai fait le 29 janvier 2017 », a-t-il dit d’une voix faible et hésitante.

«Je regrette que ma vie ait été la cause de tant de souffrance­s et de peines pour tant de personnes. J’aimerais peut-être avoir une lueur d’espoir au bout du long tunnel noir dans lequel je me suis perdu le 29 janvier. »

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JACQUES BOISSINOT LA PRESSE CANADIENNE Manon Marchand et Raymond Bissonnett­e, les parents du tueur de la mosquée de Québec, ont brisé le silence jeudi au terme des représenta­tions sur sentence.

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