L’école buissonnière: enfance pastorale
Un orphelin parisien découvre la campagne vers 1927 dans le récit initiatique L’école buissonnière
Paul, 10 ans, n’a connu ni sa mère ni son père. La première est morte en couches, le second a péri à la guerre. Dans le Paris de 1927, vivre à l’orphelinat, c’est comme vivre en prison. Par un hasard providentiel, à moins que ce soit le destin, une femme contactée par l’institution prend sur elle de l’héberger : direction Sologne et le vaste domaine où elle est servante. Elle s’appelle Célestine et est l’épouse du garde de chasse qui veille sur les terres du comte La Fresnaye. Dans la forêt environnante, Paul découvrira un monde nouveau grâce aux enseignements du braconnier Totoche.
L’école buissonnière a été écrit, à l’instar du roman qui l’a inspiré, et réalisé par le Français Nicolas Vanier. Pour mémoire, on lui doit Belle et Sébastien, d’après Cécile Aubry, sorti en 2013. À cet égard, L’école buissonnière assume son côté vieillot en empruntant à la forme classique du roman d’initiation français, avec péripéties d’un tout jeune héros en quête de parents de substitution. L’auguste Sans famille, d’Hector Malot (bientôt sur grand écran avec Daniel Auteuil), constitue un autre repère quant aux thèmes et au ton que tente de reproduire Vanier.
Or, c’est souvent au supérieur Le grand chemin, de Jean-Loup Hubert, que l’on songe en observant la dynamique entre Paul, Célestine et Totoche. Qui l’a vu comprendra.
Approche picturale
Aventurier ayant entre autres parcouru le Grand Nord québécois, Nicolas Vanier a publié de nombreux récits de voyage, et s’il est un aspect qui ressort de son film, c’est un amour indéfectible pour la nature et les créatures qu’elle abrite. D’ailleurs, Vanier a campé son intrigue non loin de sa propriété ancestrale en insufflant au personnage de Paul une bonne part de l’enfant qu’il fut.
À mesure que les mystères de la nature se révèlent à Paul, celui entourant son passé s’éclaircit graduellement ; échos narratifs. Si la dimension pastorale fonctionne, la portion consacrée aux origines du gamin s’avère en revanche très prévisible. Nourri artificiellement, et en vain, ce volet aurait gagné à être complexifié, avec quelque fausse piste, afin que la « révélation » en soit une.
Opulente, la reconstitution historique bénéficie de l’apport d’effets numériques parfaitement intégrés. Ample en scènes extérieures, intime dans les séquences tournées en intérieurs, la réalisation mise sur une approche picturale surannée, en phase avec l’esprit du film.
Rythme longuet
Les acteurs jouent au diapason, du débutant Jean Scandel, dont le regard azur constitue le point d’accès privilégié à l’histoire, à Valérie Karsanti, sa chaleureuse bienfaitrice, en passant par François Cluzet, truculent en braconnier bourru mais bon.
Leurs partitions respectives tiennent de l’archétype, certes, mais les plus jeunes, auxquels s’adresse au premier chef le film, ne s’en formaliseront sans doute pas. Quoique la manière dont tout le monde se tombe dans les bras à la fin alors que les choses s’arrangent bien au-delà des limites de la vraisemblance les fasse peut-être tiquer. Le parti pris longuet risque en outre de tester leur patience, Hollywood les ayant habitués (et il ne s’agit pas tant de s’en réjouir que de le relever) à un rythme plus nerveux.
Mais peut-être les adultes nostalgiques constituent-ils l’audience réelle visée par le film ?
L’école buissonnière
Les acteurs jouent au diapason, du débutant Jean Scandel, dont le regard azur constitue le point d’accès privilégié à l’histoire, à Valérie Karsenti, sa chaleureuse bienfaitrice, en passant par François Cluzet, truculent en braconnier bourru mais bon
★★ 1/2 Drame de Nicolas Vanier. Avec Jean Scandel, Valérie Karsenti, François Cluzet, Eric Elmosnino, François Berléand. France, 2017, 115 minutes.