Ruptures d’enfants
On assiste à un événement des plus troublants par rapport à la politique de séparation des familles à la frontière des États-Unis. On écoute les protestations qui fusent de toutes parts et les dénonciations de ce scandale inédit dans l’histoire de l’humanité. On a lu le parallèle fait avec les grandes épurations raciales du passé qu’on ne pensait plus possibles. On est estomaqués et scandalisés par cette déchéance sociétale.
Le fait est que des centaines d’enfants en bas âge subissent actuellement des traumatismes de séparation inhumains qui les blessent profondément et qui leur laisseront des séquelles pour toute leur vie. On connaît l’impact de ce genre de polytraumatismes sur la santé physique et mentale à court et à long terme, ainsi que leurs effets pervers sur le cerveau et le développement. Ils sont à risque de ne pas s’en remettre à vie !
Le lien entre parents et enfants est primordial pour un sain épanouissement des enfants. Ce lien, brisé ou coupé pour différentes raisons, est un acte de violence inouïe. En période de grand stress comme celui d’une migration difficile, on peut manquer de soins, de nourriture ou d’abri, mais on ne peut pas se passer de ce lien de sécurité essentiel, la « base de sécurité ». Pour tous et particulièrement pour les enfants, c’est la référence unique pour envisager des jours meilleurs et se bercer de l’espoir de la lumière au bout du tunnel.
Un parent qui met ce lien en péril est rapidement signalé à la Protection de la jeunesse pour abus et négligence. Une communauté ou une société qui enlève ce lien essentiel devra être accusée de crime contre l’humanité.
Les États-Unis d’Amérique sont le seul pays qui ne reconnaît pas la Convention internationale relative aux droits de l’enfant. Dans cette triste histoire d’une politique de séparation automatique, ce pays et son président confirme leur insensibilité aux enfants et acceptent ouvertement de bafouer les droits les plus précieux.
Quel désespoir pour l’avenir ! L’humanité subit une grande menace. Que tous se lèvent pour protester à leur façon. Gilles Julien, pédiatre social, président-directeur général de la Fondation du Dr Julien Le 21 juin 2018