Sur les camps d’internement aux États-Unis
M. Robert W. Thomas, consul général des États-Unis à Montréal,
Nous avons pris connaissance d’une information relayée par l’Agence France-Presse le 22 juin dernier. Elle faisait état de demandes du gouvernement du président Trump à la Marine américaine pour loger des migrants dans des camps de tentes sur des bases militaires. Les nombres mentionnés sont effrayants : l’Agence évoque des dizaines de milliers de personnes (dont sans doute un nombre important d’enfants).
On nous accusera certainement de reductio ad hitlerum, mais nous ne pouvons faire abstraction de ce que nous avons lu sur la montée du nazisme en Allemagne. Des camps de concentration se sont alors bâtis rapidement et ceux qui ont dénoncé cette situation se sont heurtés au déni et à l’indifférence.
De nos jours, la circulation de l’information est plus rapide et nous devons manifester notre désaccord sans tarder. La situation évoquée plus haut concerne non seulement les citoyens américains, mais aussi toutes les personnes qui sont préoccupées du respect des droits de la personne et des droits économiques et sociaux.
Nos moyens d’intervention en la matière sont limités. Nous voulons d’abord vous informer de notre désaccord total avec les nouvelles « directives » américaines visant les migrants, ainsi qu’avec le vocabulaire déshumanisant (« infest ») employé par le président Trump concernant ces personnes. Nous avons aussi la ferme intention de nous abstenir de visiter votre pays pour des fins professionnelles ou de loisirs, de transiter par ses aéroports, d’utiliser ses compagnies aériennes ou maritimes, et ce, tant que la situation ne sera pas corrigée.
Les États-Unis d’Amérique sont un grand pays et ses citoyens n’ont pas voté en majorité pour une idéologie de haine et de mépris. Nous espérons par ce boycottage apporter notre soutien à tous ceux qui luttent de l’intérieur pour que l’humanité reprenne ses droits.
Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Consul général, l’expression de notre respectueuse considération, Marie-France Raynault et Richard Massé Médecins de santé publique Montréal, le 25 juin 2018