L’influence modeste sur l’immobilier d’ici des acheteurs étrangers
Ils n’ont pas l’impact qu’on leur attribue sur les prix des propriétés, rapporte la SCHL
Les Montréalais attribuent à tort une forte influence des acheteurs étrangers sur le prix des maisons, constate une étude.
Plus de 42 % des nouveaux acheteurs de logement dans la région de Montréal estiment que les investisseurs étrangers ont beaucoup d’influence sur la hausse du prix des maisons, soit plus que des facteurs fondamentaux comme la croissance de la population (39 %), la santé du marché de l’emploi (35 %) et la demande des acheteurs locaux (26 %), et tout juste moins que la rareté des terrains (43 %), rapporte la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) dans une étude dévoilée mercredi. Cette proportion est moindre qu’à Vancouver (68 %) et à Toronto (48 %), y constate-t-on, mais elle se révèle néanmoins surprenante compte tenu de la faible présence des acheteurs étrangers sur le marché montréalais et du fait que leur comportement ne se démarque pas vraiment des autres.
Basée sur un sondage réalisé au début de l’automne auprès de 998 nouveaux acheteurs de logement de la grande région de Montréal, l’étude montre bien l’écart entre la perception et la réalité des choses, a observé en entretien téléphonique au Francis Cortellino, économiste pour le marché de Montréal à la SCHL. C’est que d’autres études de la SCHL ont montré que, si le nombre d’acheteurs étrangers a effectivement augmenté depuis quelques années dans la région montréalaise, leur poids relatif reste toujours bien minime par rapport à tous les autres. Devoir
Pas ce que l’on croit
L’une de ces études rapportait en décembre que moins de 2% des nouvelles transactions dans la région sont le fait d’acheteurs ayant déclaré que leur résidence principale se trouve à l’étranger. La proportion grimpe à presque 8 % dans les marchés des copropriétés du centreville et de l’Île-des-Soeurs. Plus de 21 % de ces acheteurs non-résidents venaient alors de la Chine, soit le double de l’année précédente, mais moins que ceux venant des États-Unis (28 %) et désormais plus que ceux de la France (17 %).
« Les acheteurs de la Chine sont probablement passés premiers à l’heure qu’il est », dit Francis Cortellino. D’autres recherches semblent indiquer que ces mesures sous-estiment le nombre exact d’acheteurs étrangers, mais pas de façon importante, précise l’économiste. Les gens confondent peut-être ces étrangers avec des Canadiens issus d’une immigration plus ou moins récente et qui ont acheté le tiers des copropriétés vendues à Montréal en 2016, avance-t-il comme hypothèse.
L’étude du mois de décembre rapportait également que les acheteurs étrangers avaient légèrement moins tendance que les autres à verser dans la surenchère. Aussi, bien qu’ils viennent grossir les rangs des acheteurs et augmentent la demande, ces étrangers n’ont probablement pas un grand impact sur les prix, observe Francis Cortellino. Du moins, « pas autant que des facteurs fondamentaux, comme l’état de l’économie, l’augmentation de la population et le manque de nouveaux logements. »
Cette fausse perception tient probablement, au moins en partie, à l’attention considérable accordée ces dernières années à la flambée des prix à Vancouver et à Toronto et à son lien possible avec la nature spéculative des achats par des étrangers. Cela a mené, dans ces villes, à l’imposition par les gouvernements de taxes immobilières pour les acheteurs étrangers. « Je peux vous dire en tout cas que la plupart des questions des médias, auxquelles j’ai dû répondre ces dernières années, portaient sur les investisseurs étrangers », dit l’économiste de la SCHL.