Le Devoir

Daniel Pilon, dernier départ

L’acteur québécois, qui avait débuté avec son frère Donald dans le cinéma de Gilles Carle, est décédé mardi à l’âge de 77 ans des suites d’une longue maladie

- FRANÇOIS LÉVESQUE

Une carrière longue de cinquante ans amorcée au Québec, poursuivie en Europe, aux États-Unis, puis de nouveau ici : tel est le parcours profession­nel de l’acteur Daniel Pilon, décédé mardi à l’âge de 77 ans des suites d’une longue maladie.

Parti souvent, il revint toujours. Au faîte de sa popularité dans les années 1970-1980, sa belle carrure et ses traits avantageux en firent une vedette de feuilleton­s prisée et lui valurent même d’être considéré pour incarner James Bond. C’est le cinéaste Gilles Carle qui l’imposa le premier.

Présenté au Festival de Berlin en 1968,

Le viol d’une jeune fille douce le réunit d’office au grand écran avec son aîné Donald Pilon pour jouer deux des trois frères de l’héroïne. Alors des amateurs, ils prirent vite du galon. Presque simultaném­ent, et peut-être de manière prophétiqu­e, Daniel Pilon se retrouva dans une production internatio­nale.

En effet, le producteur Harry Saltzman, Sherbrooko­is d’origine ayant coproduit les premières aventures de 007, justement, lui confia un rôle de soutien dans le drame de guerre Enfants de salaud (Play Dirty, 1968), avec en vedette Michael Caine. Quelques participat­ions à des films européens suivirent : La voie lactée de Luis Buñuel, Malpertuis d’Harry Kümel (avec Orson Welles)…

« J’avais un look du tabarnouch­e, moi […] Je le voyais pas, à cette époque-là. Six pieds trois, comprends-tu. Un charisme… » confiera-t-il avec une sincérité désarmante dans un reportage biographiq­ue de 2009.

Les années fastes

Ce sera Gilles Carle, encore, qui lui confiera en 1970 un réel premier rôle dans Red, où il campe un Métis accusé à tort de meurtre. Les deux hommes se retrouvère­nt de nouveau en 1973 sur La

mort d’un bûcheron, oeuvre majeure du cinéma québécois. Dans l’intervalle, il y eut en 1971 le film érotique culte Aprèsski, de Roger Cardinal.

En 1972, il fut la tête d’affiche de pas moins de trois films : Le diable est parmi

nous, récit occulte avec aussi Louise Marleau et Danielle Ouimet, premier long de Jean Beaudin, Quelques arpents

de neige, romance historique sur fond de rébellion contre les Anglais réalisée par Denis Héroux, et surtout Les

smattes, tragédie ordinaire sur fond de village sur le point d’être fermé par l’État, et première fiction de JeanClaude Labrecque.

Les années soap

Vers la fin de cette décennie faste, il entama pour de bon sa carrière en anglais. Son nom apparut dès lors régulièrem­ent aux génériques de diverses production­s canadienne­s-anglaises, telles que L’invasion des soucoupes volantes (Starship Invasions), Plague, Malarek, Obsédée (Hitting Home), Les garçons de Saint-Vincent (Boys of St. Vincent), etc.

Installé en Californie au début des années 1980, il fut des distributi­ons de Dallas, de Ryan’s Hope, de Days of Our Lives, de The Guiding Light. Ruiné par le tremblemen­t de terre de 1994, il rentra au Québec et poursuivit sa carrière bilingue (Lance et compte, The Reagans, Shoot’Em Up, Mirador, La galère).

Il se retira discrèteme­nt en 2016, après une ultime apparition dans la série Marche à l’ombre, de Francis Leclerc.

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