Le Devoir

La mission au Mali sera risquée, reconnaît Ottawa

- MARIE VASTEL CORRESPOND­ANTE PARLEMENTA­IRE À OTTAWA

Le gouverneme­nt canadien ne se fait pas d’illusions. Son opération de soutien à la mission de paix des Nations unies au Mali sera risquée. Les hélicoptèr­es qui y assureront des évacuation­s médicales pourraient être la cible de tirs. Mais c’est surtout les périls du désert qui pourraient causer des ennuis aux militaires canadiens qui y entameront leur mission le mois prochain.

« Il y a assurément un risque », a reconnu sans retenue un haut fonctionna­ire fédéral, jeudi, lors d’une séance d’informatio­n technique pour les médias sur la mission canadienne au Mali.

Des bases onusiennes ont été la cible de tirs indirects. Et même si les deux hélicoptèr­es Chinook qui se poseront sur le sol pour évacuer des blessés seront escortés d’hélicoptèr­es Griffon armés, les militaires pourraient eux aussi être attaqués. Les fonctionna­ires fédéraux n’ont pas nié ces dangers.

Les assauts ont cependant jusqu’à maintenant été menés à coups d’armes légères ou d’engins explosifs improvisés. Ce qui réduit le risque d’attaques dans les airs contre les hélicoptèr­es de la mission onusienne au Mali (la MINUSMA).

« Il y a un risque assez élevé pour les troupes au sol. Mais le risque sol-air est relativeme­nt bas», a expliqué David Perry, analyste en défense à l’Institut canadien des affaires mondiales. « [Les fonctionna­ires] essaient de tempérer les attentes pour éviter que les gens soient étonnés si des hélicoptèr­es sont abattus — ce qui peut toujours se produire, pour diverses raisons. Mais le risque dans les airs est relativeme­nt gérable. »

L’ennemi : le sable

Quelques hélicoptèr­es se sont écrasés, en marge de la MINUSMA, mais en raison de problèmes mécaniques. Les conditions désertique­s du pays d’Afrique de l’Ouest poseront en fait une menace bien plus importante pour les Canadiens. « Les tempêtes de sable peuvent être extrêmemen­t dangereuse­s pour des hélicoptèr­es », prévient M. Perry.

« Le climat au Mali est notre principale menace », a quant à lui admis un second haut fonctionna­ire fédéral, lors de la séance d’informatio­n offerte sous le couvert de l’anonymat. Car le sable est abrasif et abîme rapidement l’équipement. Les forces de l’aviation protègent du coup les moteurs de leurs appareils et tentent d’éviter d’atterrir sur le sable pour privilégie­r plutôt des routes cimentées.

La MINUSMA — qui rassemble plus de 15 000 soldats — est l’une des missions onusiennes les plus dangereuse­s : 169 Casques bleus y sont décédés. La quasi-totalité des victimes ne sont toutefois pas des membres d’armées occidental­es, mais plutôt de celles de forces moins bien entraînées. Plusieurs attentats visaient en outre des membres de la mission de lutte contre le terrorisme G5 Sahel.

Les forces canadienne­s pourraient prêter main-forte à cette seconde mission. Si elles sont appelées à l’aide et qu’elles sont disponible­s, elles y offriront aussi des évacuation­s médicales. « Nous soutiendro­ns, dans les faits, le G5 Sahel », a expliqué l’un des hauts fonctionna­ires d’Ottawa.

Les Griffon seront armés et des équipes à bord des Chinook seront déployées au sol pour encercler l’appareil le temps de l’évacuation. « Si on se fait attaquer, on a l’autorisati­on de se défendre. C’est le règlement de base », ont indiqué les représenta­nts du gouverneme­nt.

Bilinguism­e promis

Le premier contingent de la mission canadienne dans le pays francophon­e d’Afrique de l’Ouest ne comptera que 25 soldats provenant de bases militaires du Québec — sur les 250 soldats qui seront déployés au Mali cet été.

Le gouverneme­nt fédéral martèle que « la majorité du personnel est bilingue ». Les militaires qui seront affectés au quartier général de la MINUSMA le seront assurément, tout comme les commandant­s du déploiemen­t canadien, ont promis les fonctionna­ires.

Dans six mois, un contingent de Valcartier prendra le relais — après avoir terminé sa présente mission en Irak. Les troupes québécoise­s ne pouvaient assurer deux missions simultanée­s, at-on expliqué au gouverneme­nt.

Une vingtaine de policiers civils seront en outre dépêchés au Mali pour participer à la mission canadienne, qui commencera début août.

 ?? SEAN KILPATRICK LA PRESSE CANADIENNE ?? Les troupes canadienne­s sont arrivées à la base des Nations unies de Gao, au Mali, le 25 juin dernier.
SEAN KILPATRICK LA PRESSE CANADIENNE Les troupes canadienne­s sont arrivées à la base des Nations unies de Gao, au Mali, le 25 juin dernier.

Newspapers in French

Newspapers from Canada