Le Devoir

L’heure juste

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La mission canadienne au Mali, qui devrait être pleinement opérationn­elle d’ici la mi-août, signale le retour du Canada au sein des opérations des Nations unies. Le choix du Mali résulte de pressions de plusieurs alliés, en particulie­r la France, et des Nations unies. La raison de leur intérêt était double : compter sur des militaires expériment­és et bien entraînés, mais aussi pouvant parler français dans ce petit pays francophon­e d’Afrique de l’Ouest.

Comme nous l’écrivions dans nos pages jeudi, on ne comptera pourtant qu’une minorité de soldats québécois (10 %) parmi les 250 militaires qui seront déployés durant les six premiers mois de cette mission d’un an. Le ministère de la Défense donnait toutefois l’assurance que presque tous étaient bilingues. Notre journalist­e Marie Vastel n’a pas réussi, malgré son insistance, à savoir combien de ces soldats étaient de langue maternelle française, ni toutes les raisons ayant mené à cette compositio­n du contingent.

Lors d’une séance d’informatio­n donnée jeudi par de hauts fonctionna­ires fédéraux, on a finalement obtenu quelques éclairciss­ements. Les forces armées ont dû faire appel à des soldats de partout au pays parce que ceux de Valcartier, qui ont la formation nécessaire pour oeuvrer dans les conditions maliennes, sont déjà déployés en Irak ou de retour de mission ou en formation. Ces précisions sont bienvenues, mais le manque de transparen­ce dont on a fait preuve dans les jours précédents n’avait aucune raison d’être.

Pas plus que l’interdicti­on de dévoiler l’identité des fonctionna­ires présents à la première séance d’informatio­n sur cette mission. Le gouverneme­nt promet de faire le point à intervalle­s réguliers, ce qui est fort heureux, mais il devrait le faire à visage découvert.

La mission onusienne au Mali est l’une des plus importante­s avec plus de 13 000 militaires et policiers provenant de 57 pays. Mais elle est aussi l’une des plus risquées. Plus de 160 Casques bleus y ont perdu la vie depuis cinq ans.

Les militaires canadiens ne participer­ont pas aux combats. Avec leurs deux hélicoptèr­es Chinook, défendus par quatre hélicoptèr­es Griffon, ils s’occuperont avant tout de l’évacuation médicale des soldats blessés. S’ils sont disponible­s, les appareils pourront aussi servir au soutien logistique et au transport de troupes et de personnel.

Mais aucune mission militaire n’est exempte de risques, et malgré tous les efforts faits pour les limiter, il y aura fort probableme­nt des blessés et des morts. Pour que les Canadiens acceptent cette éventualit­é, il faut leur donner l’heure juste, visière levée, afin qu’ils puissent comprendre la nature et l’importance de cette opération.

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MANON CORNELLIER

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