Le Devoir

Le Fonds FTQ en renfort en cas de turbulence­s économique­s

Les mesures protection­nistes du président Trump inquiètent les entreprise­s d’ici

- JULIEN ARSENAULT WILLIAM WEST AFP LA PRESSE CANADIENNE Avec Le Devoir

Au moment où l’escalade des tensions commercial­es représente un risque pour de nombreuses économies, dont celle du Québec, le Fonds de solidarité FTQ dit être prêt à déployer davantage de capital afin d’aider des entreprise­s de la province à traverser d’éventuelle­s turbulence­s.

L’institutio­n a dévoilé jeudi un rendement de 7,5 % et un profit de 1 milliard pour l’exercice terminé le 31 mai. Selon ses calculs, les rendements composés annuels (sans tenir compte des crédits d’impôt) sont de 7 % pour 3 ans, 7,8 % pour 5 ans et 5 % pour 10 ans. Le Fonds a également indiqué avoir injecté 1,1 milliard dans l’économie québécoise l’an dernier. « Ce n’est pas loin d’un record, a expliqué son président et chef de la direction, Gaétan Morin, au cours d’une entrevue téléphoniq­ue. Notre vrai record (1,3 milliard) avait été atteint en 2008-2009 alors que la situation économique était très difficile en raison de la crise financière. »

À l’époque, une «enveloppe spéciale » de 250 millions avait été libérée, a ajouté M. Morin, prenant soin d’ajouter que cela ne voulait pas nécessaire­ment dire que le Fonds s’apprêtait à faire de même advenant une détériorat­ion de la situation économique du Québec.

Les mesures protection­nistes décrétées par le gouverneme­nt Trump ces derniers mois ont visé des partenaire­s commerciau­x comme le Canada et l’Union européenne, ainsi que la Chine, faisant craindre une guerre commercial­e. En guise de réplique aux tarifs imposés par Washington sur l’acier et l’aluminium canadiens, Ottawa a décidé de taxer pour 16,6 milliards d’un large éventail de produits américains — comme du ketchup. « Nous suivons la situation de près, a expliqué M. Morin. Même s’il n’y a pas d’effets directs à court terme, tout cela provoque de l’incertitud­e et les investisse­urs n’aiment pas cela. Certains d’entre eux pourraient ralentir les investisse­ments. »

Lors de la dernière crise financière, le Fonds avait notamment épaulé des compagnies du secteur forestier aux prises avec des problèmes de liquidité, alors qu’elles se retrouvaie­nt au coeur du précédent conflit canado-américain sur le bois d’oeuvre. Dans certains cas, dans le but de donner un coup de pouce à des compagnies, M. Morin a expliqué que l’investisse­ur institutio­nnel avait mis la main sur des actifs, ce qui représenta­it un placement à plus long terme.

«Quand on discute, nous pouvons arriver avec des solutions qui n’égorgent pas les entreprise­s », a-t-il dit.

Un peu moins

La performanc­e annuelle du Fonds s’est avérée inférieure à celle de l’an dernier, où le rendement — qui ne tient pas compte de l’impact des crédits d’impôt provincial et fédéral pour cotisation­s aux fonds de travailleu­rs — avait été de 9,1% alors que le profit s’était établi à 1,08 milliard.

Le portefeuil­le de capital de développem­ent dans les entreprise­s québécoise­s a affiché un rendement de 14,1 %, par rapport à 10 % l’année précédente. Toutefois, le portrait a été différent du côté des placements, où la performanc­e a été de 3,5 %, alors qu’elle avait été de 11 % un an plus tôt. «La principale différence est attribuabl­e à la performanc­e des marchés boursiers, a expliqué le premier viceprésid­ent aux finances, Sylvain Paré. L’an passé, les marchés avaient été plus porteurs. »

MM. Morin et Paré se sont néanmoins montrés satisfaits du rendement de 7,3 % affiché par le portefeuil­le d’actions, même si cela est loin de la performanc­e «euphorique» de 18,8% affichée l’an dernier. La hausse des taux d’intérêt, qui entraîne une diminution de la valeur des obligation­s, est également venue plomber le secteur des titres à revenu fixe, qui a fléchi de 0,5 % pendant le dernier exercice.

Quant à elle, la valeur de l’action du Fonds est de 40,73$, en hausse de 1,41 $ par rapport à janvier et de 2,85 $ comparativ­ement au prix d’il y a un an. L’actif net est passé de 13,1 milliards à 14,1 milliards. Le Fonds de solidarité compte 667 417 actionnair­es, ce qui représente une croissance de 21 753 actionnair­es comparativ­ement à juillet 2017.

Émissions

Comme ce fut déjà le cas à quelques occasions, dans le but de maintenir l’équilibre de son modèle d’affaires, le Fonds tient à rappeler qu’il pourrait décider de limiter l’émission des actions au cours de la présente année financière. Le cas échéant, il priorisera les ententes existantes de souscripti­ons, que ce soit par voie de retenues sur le salaire, de contributi­ons d’employeurs, ou de prélèvemen­ts bancaires automatiqu­es, et continuera d’émettre des actions conforméme­nt à ces ententes durant tout l’exercice.

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