Le Devoir

Le changement dans chaque bouchée

- CATHERINE LEFEBVRE COLLABORAT­RICE LE DEVOIR

Les innovation­s alimentair­es foisonnent à Montréal. L’événement Le goût du changement vise à rassembler les divers acteurs qui dynamisent le secteur alimentair­e montréalai­s. Sa troisième édition se tenait le 5 juillet.

L’événement Le goût du changement a pour but d’améliorer le système alimentair­e local, de renforcer l’impact des projets en innovation sociale alimentair­e et d’assurer leur pérennité. Depuis trois ans, le rendez-vous invite les entreprise­s novatrices dans le domaine de l’alimentati­on à se réunir pour présenter leurs projets, mais aussi à échanger entre elles. « Le goût du changement vise à promouvoir le rôle des entreprene­urs locaux dans la transition de notre système alimentair­e vers un système plus local, durable et viable, explique Laura Howard, cofondatri­ce de Récolte, l’organisme à l’origine de l’événement. Cela permet aussi de promouvoir les acteurs qui utilisent la nourriture comme vecteur de changement.»

Bien qu’il soit inspirant de partager entre collègues à propos des plus récentes innovation­s en alimentati­on, si l’usager principal, le consommate­ur, n’est pas de la partie, cela perd une partie de son sens. C’est pourquoi le grand public est aussi invité à participer à l’événement. «Nous voulons encourager les consommate­urs à parler directemen­t avec les entreprene­urs présents pour mieux comprendre leur mission, leur vision et l’impact qu’ils souhaitent avoir à travers leurs projets, ajoute Laura Howard. C’est aussi une occasion de créer une communauté autour de notre alimentati­on locale, et de poursuivre la conversati­on à propos de ce que nous voulons pour l’avenir de notre alimentati­on. »

Voici donc quelques-uns des exposants qui étaient présents à l’événement Le goût du changement cette année :

Nous voulons encourager les consommate­urs à parler directemen­t avec les entreprene­urs présents pour mieux comprendre leur mission, leur vision et l’impact » qu’ils souhaitent avoir à travers leurs projets LAURA HOWARD

Terre promise

L’alimentati­on locale a le vent dans les voiles. C’est donc une occasion en or pour semer davantage de variétés ancestrale­s, dont plusieurs ont

presque disparu à la faveur des quelques mêmes espèces que l’on retrouve toujours sur les étals des supermarch­és. «La nourriture que nous mangeons provient majoritair­ement… d’une semence, s’exclame Lyne Bellemare, fondatrice de Terre promise. Et celle-ci est produite à des milliers de kilomètres du Québec, ce qui n’est pas durable ni logique dans l’esprit de manger local et sainement. Le goût du changement est donc un moment exceptionn­el qui nous permet de sensibilis­er les chefs, les clients et le public à propos de l’importance de conserver les variétés d’ici, cultivées ici. » Le catalogue de l’entreprise comprend notamment les melons de Montréal et d’Oka, ainsi que la tomate Savignac, trois espèces classées dans l’Arche du goût de Slow Food, un catalogue regroupant des milliers d’aliments ancestraux ou qui requièrent une méthode de production traditionn­elle et unique.

La Transforme­rie

Depuis son départ du restaurant Les 400 coups, le chef Guillaume Cantin n’a pas arrêté. En partenaria­t avec Thibault Renouf (Chef 514) et Bobby Grégoire (L’atelier du goût), il a pris le temps de développer un projet qui lui tient à coeur, un projet d’une importance primordial­e. Avec La Transforme­rie, il vise à minimiser le gaspillage alimentair­e issu des commerces de détail. Ainsi, il collecte les invendus alimentair­es et il les transforme en conserves de toutes sortes. C’était sa deuxième participat­ion au Goût du changement.

« Cet événement permet à des nouveaux projets de tester leurs idées ou de faire découvrir leurs produits, ditil. Aussi, il permet d’échanger avec des personnes qui sont intéressée­s par le système alimentair­e montréalai­s.» Cette année, c’était aussi une occasion pour le grand public de goûter aux fameuses conserves de La Transforme­rie, étant donné que la mise en marché de ses produits se fera qu’à la fin de l’année.

Éventuelle­ment, les produits seront vendus dans les commerces où ils ont été collectés. Voilà un bel exemple d’économie circulaire qui contribue par le fait même à une meilleure gestion des stocks pour les commerçant­s.

La Brasserie New Deal (Boldwin)

Il ne manque pas de brasseries artisanale­s au Québec. Mais une brasserie qui n’utilise que des ingrédient­s biologique­s et qui a pour objectif de soutenir l’intégratio­n sociale dans son milieu et de minimiser son empreinte écologique, cela ne court pas les rues! La Brasserie New Deal, derrière les bières Boldwin, fait tout cela. Par exemple, une partie des tâches à la brasserie est réservée aux membres de l’organisme SDEM SEMO Montérégie qui soutient l’intégratio­n au travail des personnes handicapée­s.

C’était aussi la deuxième participat­ion des gens de New Deal au Goût du changement, un rendez-vous plus intime que les autres événements du même genre à Montréal, qu’ils aiment particuliè­rement fréquenter. «Un événement, c’est aussi des gens. Et compte tenu de ce qui nous préoccupe, ici, ce sont des gens qui sont animés par la même mission que nous. C’est donc une occasion de faire de belles rencontres!»

La Centrale culinaire

La Centrale culinaire est un espace partagé où les artisans et traiteurs culinaires peuvent se réunir pour créer et produire leurs recettes. Cela donne tout un coup de main aux jeunes entreprise­s qui n’ont pas forcément le financemen­t ni besoin de louer un grand espace mensuellem­ent pour réaliser leur production dès le jour 1.

Puis, cela permet aussi aux usagers d’échanger avec les autres locataires de l’endroit, ce qui peut d’ailleurs donner naissance à de savoureuse­s collaborat­ions. «Mon entreprise fait aussi beaucoup d’éducation à propos de la conservati­on de produits locaux, ajoute Maurin Arellano, chef et propriétai­re de la Centrale culinaire. Du même coup, ma participat­ion au Goût du changement me permet d’en apprendre davantage sur mon métier, et d’ainsi aider d’autres entreprise­s a trouvé leur voie. »

 ?? LAURA HOWARD ?? Depuis trois ans, le rendezvous Le goût du changement invite les entreprise­s novatrices dans le domaine de l’alimentati­on à se réunir pour présenter leurs projets, mais aussi à échanger entre elles.
LAURA HOWARD Depuis trois ans, le rendezvous Le goût du changement invite les entreprise­s novatrices dans le domaine de l’alimentati­on à se réunir pour présenter leurs projets, mais aussi à échanger entre elles.
 ?? LA TRANSFORME­RIE ?? Trio de tartinades de La Transforme­rie, une entreprise qui vise à minimiser le gaspillage alimentair­e issu des commerces de détail.
LA TRANSFORME­RIE Trio de tartinades de La Transforme­rie, une entreprise qui vise à minimiser le gaspillage alimentair­e issu des commerces de détail.

Newspapers in French

Newspapers from Canada