Qu’est-ce que l’appropriation culturelle ?
Le concept émerge à la fin du XXe siècle aux États-Unis, dans la foulée de la critique postcoloniale. Le Danois Kenneth Coutts-Smith greffe d’abord en 1976 l’idée marxiste d’appropriation de classe à ce qu’il nomme le colonialisme culturel, selon Oxford Reference, dans son livre Some General Observations on the Concept of Cultural Colonialism.
Le terme « appropriation culturelle » fraie ensuite dans les universités américaines. Il décrit la saisie, l’adoption inappropriée et l’absence de reconnaissance lors de l’utilisation de coutumes, de pratiques, d’idées, etc. d’un peuple par des membres d’une autre communauté, typiquement plus dominante. Des notions d’exploitation, de colonisation, mais aussi de propriété intellectuelle le sous-tendent.
L’importation de cette sensibilité au Québec s’est remarquée il y a quelques années seulement ; c’est autour du mouvement Idle No More (2013) qu’elle est devenue récurrente. Elle a été beaucoup portée ici par le militantisme et les voix autochtones. Un militantisme moins développé du côté francophone, les communautés autochtones se retrouvant plus souvent autour de la langue anglaise, voire de l’espagnol.
Le concept d’appropriation culturelle est maintenant étudié dans les universités, souvent par le truchement des cultural
studies. Le sociologue Joseph Yvon Thériault croit que « la force des universités américaines dans le monde fait que leurs concepts, élaborés à partir de la situation américaine, tendent à vouloir s’imposer dans des contextes qui ne sont pas les leurs. Un contexte permet de comprendre ce qui se passe en un lieu particulier ; et quelque chose se perd lorsqu’on le transporte, car on ne transporte pas les rapports sociaux », croit le professeur à l’UQAM.