Le Devoir

Pour réduire les mers d’asphalte

La lutte contre les îlots de chaleur commence par les stationnem­ents

- Avec Andréanne Chevalier

JEANNE CORRIVEAU LE DEVOIR Cette semaine, le stationnem­ent sud du quartier général de la SQ a été refait. Un nouveau bitume noir, comme un four à ciel ouvert.

Recouverts d’asphalte, les stationnem­ents sont de potentiels îlots de chaleur. Des mesures de verdisseme­nt et le choix de revêtement­s perméables peuvent toutefois atténuer l’effet de surchauffe, mais encore faut-il que les propriétai­res de stationnem­ents fassent les efforts nécessaire­s.

Plus tôt cette semaine, en pleine canicule, le stationnem­ent sud du quartier général de la Sûreté du Québec, rue Parthenais, a été refait. Un nouveau bitume noir s’étend au sud du bâtiment, comme un four à ciel ouvert. Lors de la séance du conseil d’arrondisse­ment de Ville-Marie, mercredi, un résident du secteur a interpellé la mairesse Valérie Plante : « Ce que fait la SQ, c’est mettre un revêtement noir qui absorbe le soleil et empêche le ruissellem­ent, a dénoncé le citoyen exaspéré. Est-ce qu’on peut réglemente­r ça ? »

La mairesse a relaté avoir discuté de la question avec la SQ dès 2013 alors qu’elle venait d’être élue conseillèr­e. Faute de réduire la taille du stationnem­ent, la SQ ne peut-elle pas faire pousser des plantes grimpantes le long des clôtures ? avaitelle demandé. La SQ avait refusé, invoquant des raisons de sécurité, a-t-elle dit.

« Sur un terrain privé, on n’a pas de pouvoir, a expliqué la mairesse. La seule chose qu’on peut faire, c’est d’accompagne­r les entreprise­s et les inciter à faire des changement­s. Pour l’asphalte, il est trop tard, mais on pourrait se rasseoir avec la SQ pour trouver des solutions, soit verdir davantage ou compenser autrement. »

À la SQ, on indique que la gestion de la propriété relève de la Société québécoise des infrastruc­tures. Celle-ci n’a pas rappelé Le Devoir.

Directrice générale du Centre d’écologie urbaine de Montréal, Véronique Fournier estime que le réaménagem­ent de stationnem­ents peut être une occasion de verdisseme­nt. « De plus en plus, on voit une gestion écologique des stationnem­ents, des bandes végétalisé­es sur ceux existants. [C’est important] qu’on arrête de faire des mers d’asphalte », dit-elle.

L’an dernier, le Conseil régional de l’environnem­ent (CRE) de Montréal a souligné les efforts de cinq organisati­ons pour leurs stationnem­ents « écorespons­ables ». La bibliothèq­ue du Boisé, dans Saint-Laurent, fut l’un des cinq lauréats d’un prix Mérite. L’arrondisse­ment a notamment prévu des îlots de végétation et un bassin de biorétenti­on réduisant les rejets d’eau à l’égout.

« Saint-Laurent est un des premiers arrondisse­ments à mettre en place une réglementa­tion intéressan­te en matière de verdisseme­nt, de pourcentag­e de canopée, et une réflexion sur les matériaux autorisés», souligne Emmanuel Rondia, responsabl­e des dossiers Espaces verts au CRE.

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