Pour réduire les mers d’asphalte
La lutte contre les îlots de chaleur commence par les stationnements
JEANNE CORRIVEAU LE DEVOIR Cette semaine, le stationnement sud du quartier général de la SQ a été refait. Un nouveau bitume noir, comme un four à ciel ouvert.
Recouverts d’asphalte, les stationnements sont de potentiels îlots de chaleur. Des mesures de verdissement et le choix de revêtements perméables peuvent toutefois atténuer l’effet de surchauffe, mais encore faut-il que les propriétaires de stationnements fassent les efforts nécessaires.
Plus tôt cette semaine, en pleine canicule, le stationnement sud du quartier général de la Sûreté du Québec, rue Parthenais, a été refait. Un nouveau bitume noir s’étend au sud du bâtiment, comme un four à ciel ouvert. Lors de la séance du conseil d’arrondissement de Ville-Marie, mercredi, un résident du secteur a interpellé la mairesse Valérie Plante : « Ce que fait la SQ, c’est mettre un revêtement noir qui absorbe le soleil et empêche le ruissellement, a dénoncé le citoyen exaspéré. Est-ce qu’on peut réglementer ça ? »
La mairesse a relaté avoir discuté de la question avec la SQ dès 2013 alors qu’elle venait d’être élue conseillère. Faute de réduire la taille du stationnement, la SQ ne peut-elle pas faire pousser des plantes grimpantes le long des clôtures ? avaitelle demandé. La SQ avait refusé, invoquant des raisons de sécurité, a-t-elle dit.
« Sur un terrain privé, on n’a pas de pouvoir, a expliqué la mairesse. La seule chose qu’on peut faire, c’est d’accompagner les entreprises et les inciter à faire des changements. Pour l’asphalte, il est trop tard, mais on pourrait se rasseoir avec la SQ pour trouver des solutions, soit verdir davantage ou compenser autrement. »
À la SQ, on indique que la gestion de la propriété relève de la Société québécoise des infrastructures. Celle-ci n’a pas rappelé Le Devoir.
Directrice générale du Centre d’écologie urbaine de Montréal, Véronique Fournier estime que le réaménagement de stationnements peut être une occasion de verdissement. « De plus en plus, on voit une gestion écologique des stationnements, des bandes végétalisées sur ceux existants. [C’est important] qu’on arrête de faire des mers d’asphalte », dit-elle.
L’an dernier, le Conseil régional de l’environnement (CRE) de Montréal a souligné les efforts de cinq organisations pour leurs stationnements « écoresponsables ». La bibliothèque du Boisé, dans Saint-Laurent, fut l’un des cinq lauréats d’un prix Mérite. L’arrondissement a notamment prévu des îlots de végétation et un bassin de biorétention réduisant les rejets d’eau à l’égout.
« Saint-Laurent est un des premiers arrondissements à mettre en place une réglementation intéressante en matière de verdissement, de pourcentage de canopée, et une réflexion sur les matériaux autorisés», souligne Emmanuel Rondia, responsable des dossiers Espaces verts au CRE.