Le Devoir

Prison à perpétuité pour deux ex-maires jugés en France

- SOFIA BOUDERBALA À PARIS AGENCE FRANCE-PRESSE

Deux anciens bourgmestr­es rwandais ont vu vendredi leur condamnati­on à la réclusion criminelle à perpétuité confirmée en appel par la justice française pour leur participat­ion au génocide des Tutsis dans leur village de Kabarondo, dans l’est du Rwanda, en avril 1994.

À l’issue de deux mois d’un procès filmé pour l’histoire devant la cour d’assises de Paris et après huit heures de délibérati­on, Octavien Ngenzi, 60 ans, et Tito Barahira, 67 ans, ont été jugés coupables de « crimes contre l’humanité » et de « génocide », pour « une pratique massive et systématiq­ue d’exécutions sommaires » en applicatio­n d’un « plan concerté tendant à la destructio­n » du groupe ethnique tutsi.

Le verdict a été accueilli dans un pesant silence, à peine troublé par les sanglots discrets de la famille des accusés. Les deux anciens bourgmestr­es sont restés stoïques, vite entourés par leurs avocats.

Ils ont cinq jours pour former un éventuel pourvoi en cassation.

L’accusation les avait désignés comme des « artisans de la mort » ayant « pleine autorité » dans leur village, des rouages essentiels du génocide dans leur com- mune de Kabarondo. Une période de sûreté de 22 ans — qui n’a pas été accordée — avait en outre été demandée pour Ngenzi, bourgmestr­e en exercice en 1994 et à ce titre « responsabl­e de tous les morts de la commune ».

Les deux hommes, qui se sont succédé à la tête de la commune de 1976 à 1994, ont nié jusqu’au bout toute participat­ion aux tueries à Kabarondo, où le pire des massacres a eu lieu le 13 avril. Près de 2000 morts, selon l’abbé du village, pilonnés au mortier, puis découpés à la machette, pendant près de sept heures.

« Cette décision est juste et c’est un message : stop à l’impunité pour tous ceux qui ont pris part au génocide et qui ont cru pouvoir se réfugier en France », a réagi Alain Gauthier, président d’une associatio­n à l’origine de la plupart des enquêtes françaises sur le génocide rwandais.

C’est la deuxième fois que la justice française, qui a jugé ces hommes en vertu de sa compétence universell­e pour les crimes les plus graves, se prononce dans un dossier lié au génocide rwandais, après la condamnati­on de l’ancien capitaine de l’armée Pascal Simbikamgw­a à 25 ans de réclusion criminelle.

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