Le Devoir

Les soeurs Sela dans Sisters, sur la musique de Lhasa LED

Les soeurs Sela présentent un spectacle sur la musique de Lhasa

- CAROLINE MONTPETIT LE DEVOIR

Lorsqu’elles étaient petites, les quatre filles Sela vivaient dans un autobus. Elles ont ainsi circulé pendant des années, de pays en pays, en compagnie de leurs parents, éduquées à la maison par leur mère. À cette époque, la famille représenta­it pour elles la référence, la maison.

Et c’est la sororité qui les unit qu’Ayin et Miriam de Sela explorent dans le spectacle Sisters, présenté par Les 7 doigts et mis en scène par Gypsy Snider. Le spectacle intégrera aussi la musique de Lhasa de Sela, leur soeur, décédée d’un cancer précoce il y a huit ans. Sisters propose d’aborder le thème de la sororité sous la forme d’un conte de fées se déroulant dans un environnem­ent mi-théâtral, mi-circassien.

«Au départ, il y avait la volonté de faire un projet entre soeurs, entre Ayin et moi. On est des artistes depuis presque toute notre vie. On a vraiment fait chacune nos histoires séparément depuis longtemps. On avait envie de revenir l’une vers l’autre et de raconter une histoire ensemble, avec la musique de Lhasa, parce qu’elle est notre soeur aussi», dit Miriam.

La mise en scène de Gypsy Snider fait appel aux spectateur­s de différente­s façons. Il y a la musique bien sûr, mais il y a aussi l’odorat, puisque Ayin y jouera une créatrice de parfums. L’équipe a d’ailleurs mis la main sur un système de diffusion des odeurs qui fera en sorte que les parfums pourront être partagés par l’ensemble des spectateur­s.

On pourra y humer, promet-on, le parfum de l’amour, de la naissance, de la mort. Car Lhasa demeure présente à tous moments dans le cadre de la création de cette pièce, assurent les soeurs.

Pour comprendre la parenté qui unit les soeurs Sela et Gypsy Snider, il faut retourner à l’époque de la roulotte et de la vie nomade. «La route chante quand je m’en vais / je fais trois pas, la route se tait», chantait Lhasa. La famille bohème finit donc par se poser à San Francisco, où les filles fréquenten­t l’école. C’est alors que Gypsy Snider fait la rencontre des soeurs Sela. «Nous avions chacune une meilleure amie qui s’appelait Gypsy», raconte Ayin, en référence à cette époque. Les parents de Gypsy sont quant à eux les fondateurs du Pickle Family Circus. C’est ainsi que les filles Sela se sont initiées au cirque, Gypsy devenant notamment la porteuse de Miriam, qui débuta comme acrobate voltigeuse à l’âge de neuf ans.

Plus tard, Ayin et Miriam de Sela s’inscriront à l’École nationale de cirque de Montréal. C’est ce qui emmènera Lhasa la musicienne à venir les y rejoindre, et à y prendre racine.

Des quatre soeurs, Lhasa est la seule qui n’ait pas fait de cirque à proprement parler. Ayin a été fildeféris­te pendant des années, avant de se tourner vers le théâtre. Sky, une autre soeur Sela qui ne participe pas au spectacle, est clownesse. Miriam, la benjamine, est acrobate.

Lorsqu’elle parle du spectacle Sisters, Gypsy Snider évoque En attendant Godot, de Samuel Beckett. D’outre-tombe, Lhasa de Sela participe au spectacle à sa façon, puisqu’on pourra y entendre un enregistre­ment de sa voix lisant un texte de son cru. L’enregistre­ment n’existe qu’en anglais, mais un texte français sera disponible dans le programme.

« La façon dont Lhasa est sur scène, c’est un peu comme un esprit, ou presque comme un fantôme, même si elle n’est pas là, assise à côté de nous, mais elle est très présente», dit Gypsy.

La musique de Lhasa sera pour sa part jouée par la harpiste Sarah Pagé, dont on jouera aussi des compositio­ns, ainsi que des oeuvres de Jonah Fortune.

«Il y a aussi des musiques originales qui créent un monde sonore», poursuit Gypsy Snider.

Dans cet univers enchanté où deux soeurs sont captives, il y a aussi, bien sûr, un prince, qui sera incarné par William Underwood. «Il y a plein de défis entre les soeurs, on le comprend. […] William est un vieil ami de nous tous. […] Pour moi, le prince est un autre symbole. Cela crée un autre niveau symbolique, et une autre dynamique physique, un contraste physique et une énergie différente de celle des deux filles, explique Gypsy. C’est un élément extérieur qui force le changement, un élément qu’on ne trouve pas nécessaire­ment dans la famille. »

Le contexte du conte de fées permet d’utiliser les symboles, qui étaient très présents dans l’oeuvre de Lhasa. «On avait envie de communique­r avec Lhasa à travers la continuati­on du langage symbolique », dit Ayin.

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VALÉRIAN MAZATAUD LE DEVOIR Après une carrière chacune de leur côté, la volonté de faire un projet entre soeurs a réuni Ayin et Miriam. Et leur soeur Lhasa reste très présente. SistersLes 7 doigts, dans le cadre du festival Montréal complèteme­nt cirque, au théâtre Outremont du 8 au 21 juillet

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