Le Devoir

Toujours plus de gestion active

- GÉRARD BÉRUBÉ

La gestion active occupe toujours un peu plus d’espace dans l’univers plutôt indiciel des fonds négociés en Bourse (FNB). L’actuelle conjonctur­e, avec la phase haussière très avancée en Bourse et la progressio­n des taux d’intérêt, vient appuyer cette recherche de l’« alpha ».

Le thème a retenu l’attention lors de la conférence Inside ETFs Canada tenue les 21 et 22 juin à Montréal. Le long marché haussier qui a suivi la crise de 2008 a braqué les projecteur­s sur la gestion passive et les fonds indiciels. Mais avec le retour de la volatilité et de la dispersion des rendements des principaux indices boursiers, la gestion active attire de plus en plus l’attention. Pour les uns, l’objectif est de protéger un rendement contre la volatilité. Pour les autres, l’intention est de rechercher une performanc­e supérieure à un indice de référence qui plafonne. Quant aux conseiller­s financiers, ils vont y recourir par mesure défensive, pour contrer la volatilité, pour protéger un rendement, pour ajouter un style valeur, voire pour greffer une composante plus spéculativ­e au portefeuil­le.

Les frais associés à la gestion active peuvent, certes, varier du simple au double par rapport à un FNB indiciel comparable. Mais en oscillant entre 0,3 et 0,8 %, ils se situent bien en deçà d’un ratio moyen légèrement sous les 2 % pour les fonds communs d’investisse­ment.

Ce regard tourné vers la gestion active se vérifie particuliè­rement du côté des titres à revenu fixe, où l’approche indicielle a probableme­nt atteint la limite de son efficacité. D’autant que, dans la conjonctur­e actuelle, la demande pour les titres à revenu fixe, déjà forte en 2017, est appelée à soutenir le rythme cette année. Or « la gestion passive n’offre généraleme­nt pas de bonnes performanc­es en période de hausse de taux, comme c’est le cas actuelleme­nt. C’est le temps de passer aux FNB obligatair­es à gestion active », commente un gestionnai­re de portefeuil­le de BMO Gestion mondiale d’actifs cité par le magazine spécialisé Conseiller.

Pour ne nommer qu’eux, Placements Franklin Templeton Canada vient d’en lancer trois et BMO Investisse­ments, deux.

Mais parmi les autres produits populaires cette année, les spécialist­es en FNB ont évoqué un engouement accru pour les fonds thématique­s. On peut penser à des véhicules de placement mettant l’accent sur les critères ESG, sur l’intelligen­ce artificiel­le, les FNB cannabis, la chaîne de blocs, le fonds Leadership féminin… Bref, un intérêt accru se manifeste pour les investisse­ments factoriels ou multifac- toriels, qui permettent à l’investisse­ur de sélectionn­er à partir de leurs critères et de la pondératio­n souhaitée.

S’ajoute, enfin, l’offre englobant les FNB à faible volatilité composant la famille plus large dite de produits à bêta intelligen­t. Quoique, ici, cette famille n’entre pas nécessaire­ment dans la catégorie des fonds gérés activement.

Avec le retour de la volatilité et de la dispersion des rendements des principaux indices boursiers, la gestion active attire de plus en plus l’attention

Cette popularité grandissan­te doit toutefois être relativisé­e. Les FNB à gestion active comptent aujourd’hui pour le quart de l’industrie canadienne des FNB selon le nombre de produits offerts, pour 15 % selon l’actif sous gestion. Pour leur part, les FNB n’abritent que 2,5 % de l’actif financier des Canadiens. Avec leurs 147 milliards d’actifs sous gestion à la fin de 2017, leur poids n’équivaut qu’à 10 % de celui des fonds communs de placement, qui atteignait 1480 milliards. Mais leur croissance est rapide, avec des ventes en hausse de 56 % l’an dernier et une progressio­n de l’actif de 29 %. Selon les statistiqu­es de FNB BMO, on dénombrait 648 FNB répartis entre 28 manufactur­iers à la fin de 2017.

Petit retour

Petit retour sur les FNB. Afin d’offrir des frais de gestion inférieurs à ceux des fonds d’investisse­ment traditionn­els, nombre d’entre eux proposent une stratégie d’investisse­ment passive, se contentant de répliquer un indice ou un portefeuil­le de référence. À l’autre bout du spectre, on retrouve les FNB à gestion active, puis à effet de levier.

Ces véhicules se décomposen­t entre les FNB dits physiques et les synthétiqu­es, ces derniers s’en remettant aux

swaps et aux instrument­s dérivés pour obtenir l’exposition recherchée, avec des frais de gestion encore plus bas.

Au sens large, ils retiennent l’attention pour le risque plus ciblé qu’ils proposent, par leurs frais de gestion moindres et parce qu’ils sont négociés en Bourse. Ils sont appréciés pour l’élément de diversific­ation — de titres, de secteurs ou de stratégie d’investisse­ment — qu’ils apportent aux portefeuil­les. Ces instrument­s permettent l’accès, parfois pointu, à un panier de titres diversifié­s pouvant comprendre des actions, des obligation­s, des devises ou des marchandis­es. Voire, aussi, une approche ciblée en matière de placement et de risque particulie­r.

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