La Chine ne veut pas négocier avec un fusil sur la tempe
Pékin ne veut pas de guerre commerciale avec les États-Unis mais ne la craint pas et la mènera si nécessaire
Les États-Unis doivent « retirer le pistolet »qui est pointé sur la tempe de la Chine et tenir parole s’ils veulent avoir des discussions sérieuses pour désamorcer la guerre commerciale, a affirmé jeudi le vice-ministre chinois du Commerce.
Wang Shouwen, venu à Genève pour diriger la délégation chinoise lors de l’examen périodique des politiques commerciales de la Chine à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), a souligné que c’était les États-Unis qui avaient « commencé la guerre » en imposant des taxes sur des centaines de milliards de dollars de produits chinois. « Nous avons eu des discussions et elles ont débouché sur des progrès notables, mais ces progrès ont été ignorés par une partie et cette partie a déclenché une guerre commerciale », a déclaré M. Wang aux journalistes.
Interrogé sur les conditions nécessaires pour que la Chine accepte d’ouvrir des discussions avec Washington, il a répondu: «Pour qu’une discussion soit couronnée de succès, l’une des parties doit retirer le pistolet qui est pointé sur la tête de l’autre. Et pour qu’une discussion soit utile, il faut tenir parole. Si une partie ne cesse de changer de position tout le temps, la discussion n’aura aucun sens », a-t-il ajouté.
Jusqu’à présent, les deux pays se sont mutuellement imposé des droits de douane de 25 % sur 34 milliards de dollars de produits. Mais les États-Unis ont tiré mardi une nouvelle salve en direction de Pékin en annonçant une taxe de 10 % sur 200 milliards de dollars de produits chinois, à partir de septembre. La Chine a immédiatement averti qu’elle prendrait « des mesures de représailles nécessaires » si Washington mettait sa menace à exécution.
M. Wang a qualifié les États-Unis de « brute commerciale » et affirmé que la conduite de Donald Trump allait « à l’encontre des intérêts des entreprises américaines, des consommateurs américains [et] des travailleurs américains ».
Washington reproche également à l’OMC d’être trop gentille à l’égard de la Chine. L’ambassadeur américain à l’OMC, Dennis Shea, a accusé mercredi la Chine de profiter de son statut de membre de l’OMC pour nuire aux autres nations et a estimé que si l’inconduite de Pékin n’est pas prise en compte, elle finira par ruiner l’organisation.
M. Wang a répliqué jeudi en expliquant que la Chine était ouverte à une réforme de l’OMC, mais a raillé le « point de vue alarmiste » de M. Shea. « L’OMC n’est pas parfaite. Il se peut qu’il y ait des points à améliorer, mais je pense qu’affirmer que l’OMC n’a pas de règles capables de gérer les problèmes de la Chine est exagéré », a-t-il dit.
« S’il est nécessaire d’améliorer les règles, la Chine serait heureuse d’en discuter avec tous les autres membres de l’OMC », a-t-il conclu.
Trump optimiste
Donald Trump s’est tout de même voulu optimiste jeudi sur l’issue de la «désagréable» guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine. Lors d’une conférence de presse à Bruxelles à l’issue du sommet de l’OTAN, le président américain a déclaré que les choses «finiraient par s’arranger», ajoutant que les États-Unis négocieraient, si possible, un accord commercial « juste » avec la Chine, selon un texte de l’agence Reuters.
Jeudi matin, le ministère chinois du Commerce a dit que Pékin n’avait pas été en contact avec Washington en vue d’une reprise des négociations commerciales. Il a ajouté que les accusations américaines de vol de propriété intellectuelle étaient inacceptables.
Toujours selon Reuters, lors d’un point presse, Gao Feng, porte-parole du ministère, a répété que la Chine ne voulait pas d’une guerre commerciale, mais qu’elle ne la craignait pas et qu’elle était prête à la mener si nécessaire. Gao Feng a également dit avoir bon espoir que les entreprises américaines présentes en Chine fassent, dans leur intérêt, pression sur le gouvernement Trump pour que celui-ci change d’attitude.
Les États-Unis sont une “brute commerciale”. [La conduite de Donald Trump] va à l’encontre des intérêts des entreprises américaines, des consommateurs américains [et] des travailleurs américains. WANG SHOUWEN