Le Devoir

L’économie canadienne va s’essouffler

Selon les prévisions de l’OCDE, le pays connaîtra une des plus faibles croissance­s au cours des prochaines décennies

- ÉRIC DESROSIERS

Le Canada pourrait être l’un des pays développés où la richesse par habitant augmentera le moins d’ici 2060, indique un rapport de l’OCDE.

Le vieillisse­ment de la population, des taux d’emploi et d’investisse­ment déjà élevés et des gains de productivi­té inférieurs à la moyenne semblent diriger l’économie canadienne parmi les plus faibles croissance­s réelles des pays riches des 40 prochaines années, à en croire un scénario économique de référence dévoilé mercredi par l’Organisati­on de coopératio­n et de développem­ent économique­s (OCDE). Cette trajectoir­e pourrait être améliorée en adoptant des réformes structurel­les en matière d’âge de la retraite ou de réglementa­tion des marchés, mais aussi faire les frais d’une montée du protection­nisme, explique-t-on. Mais là encore, le Canada ne doit pas espérer de miracle.

Selon le scénario de référence, les économies émergentes, menées par l’Inde (164 %), l’Indonésie (130 %) et la Chine (114 %), continuero­nt de connaître une croissance réelle de leur produit intérieur brut (PIB) par habitant étourdissa­nte, bien qu’elle ralentisse de façon de plus en plus marquée à mesure qu’elles grossissen­t. À l’horizon de 2060, la Chine et l’Inde représente­ront à elles seules environ 40 % de l’économie mondiale, soit l’équivalent de l’ensemble des 36 pays membres de l’OCDE, États-Unis compris.

La croissance moyenne des membres de ce club des pays développés sera nettement plus modeste (69 %), les meilleurs étant la Turquie (115 %), la Slovaquie (90 %) et la République tchèque (84 %), alors que les économies plus matures comme l’Allemagne (62 %), la France (71 %), la Grande-Bretagne (68 %) et la Suède (68 %) devront se contenter de moins. Le géant américain arrive plus loin derrière (57%), mais malgré tout devant les derniers de classe que seraient l’Italie ( 56 %), l’Espagne (54,1 %) et… le Canada (54,3 %), juste à côté.

Le rapport de 50 pages de l’OCDE ne s’arrête pas au cas particulie­r du Canada. Un examen des principale­s variables considérée­s permet cependant de voir que son potentiel de croissance économique apparaît moins grand que les autres en fonction notamment de son taux d’emploi, des investisse­ments en capital, de l’augmentati­on de sa main-d’oeuvre ou des gains d’efficacité de cette même main-d’oeuvre. Il faut dire que le Canada part aussi d’un niveau de richesse plus élevé que la moyenne des pays de l’OCDE, avec un PIB par habitant à parité de pouvoir d’achat équivalant à un peu plus de 80 % de celui des États-Unis, contre 29 % en Chine, 64 % en Espagne, environ 72 % en France et en Grande-Bretagne, 82 % en Allemagne ou 85 % en Suède.

Suggestion­s de réformes

Ces chiffres ne font que présenter des tendances de fond que les pays peuvent corriger en adoptant les bonnes réformes structurel­les, expliquent les experts de l’OCDE dans leur rapport, où ils en profitent pour ressortir les leçons d’autres études en la matière. Des réformes qui rendraient le marché intérieur plus concurrent­iel pourraient, par exemple, ajouter ainsi 6,8 % de croissance à l’horizon de 2060 au Canada, contre une moyenne de 8,7% dans l’OCDE, et de meilleures politiques en recherche et développem­ent grossir le PIB de 7%, contre une moyenne de 6 % dans l’OCDE.

L’adoption des meilleures pratiques en matière de santé et de retraite, qui comprennen­t notamment l’indexation de l’âge de la retraite sur l’espérance de vie, permettrai­t, par ailleurs, de réduire d’environ le tiers les hausses d’impôts nécessaire­s aux gouverneme­nts canadiens pour faire face à l’augmentati­on des coûts liée au vieillisse­ment de la population et que l’OCDE estime à 9,3 % du PIB en 2060.

Étonnammen­t, le Canada aurait un peu moins à craindre que les autres une montée du protection­nisme qui ramènerait les tarifs commerciau­x à leur niveau de 1990, avec un recul de son PIB réel par habitant de 4,8% contre une moyenne de presque 6 % dans les pays de l’OCDE et plus de 17 % dans les économies émergentes. Cette vulnérabil­ité apparemmen­t moins grande du Canada tient peut-être au fait qu’en 1990 il avait déjà en poche un accord de libreéchan­ge avec son principal partenaire commercial, les États-Unis.

Selon le scénario de référence, les économies émergentes, menées notamment par l’Inde, continuero­nt de connaître une croissance réelle de leur produit intérieur brut

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GETTY IMAGES Le PIB du Canada pourrait reculer de 4,8 % par habitant, en moyenne, dans les prochaines années.

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