Le Devoir

Portrait des missions de l’armée canadienne à l’étranger

Un bref portrait des missions actuelles que mènent à l’étranger les Forces armées

- PROPOS RECUEILLIS PAR ANNABELLE CAILLOU

Critiqué par le président Trump pour ne pas assez contribuer aux dépenses militaires de l’Organisati­on du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), Justin Trudeau a assuré cette semaine que les ressources déployées sur le terrain étaient plus importante­s que « les gros sous ».

Le Devoir s’est entretenu avec Jocelyn Coulon, chercheur au Centre d’études et de recherches internatio­nales (CERIUM) de l’Université de Montréal, pour dresser un portrait de la présence des Forces armées canadienne­s (FAC) à l’étranger.

Combien de militaires canadiens peuvent être envoyés sur le terrain dans les missions internatio­nales à l’heure actuelle ? Pendant les crises, le Canada est en mesure de déployer environ 3000, 3500 militaires. Ça paraît peu sur les 65 000, mais c’est difficile de déployer un grand nombre de soldats. On l’a vu au lendemain du 11 septembre 2001, quand 5000 militaires canadiens ont été déployés. Il fallait en compter 5000 de plus prêts à prendre la relève six mois plus tard, mais aussi prévoir la relève des six mois suivants. Ça fait beaucoup de militaires mobilisés sur une année, d’autant plus qu’il faut toujours en avoir sur le territoire canadien pour agir en cas de catastroph­e ou d’attaque. Il y a eu des critiques au sein même de l’armée à l’époque, c’est pour ça que maintenant, on se limite à en envoyer 3000 , 3500 au maximum.

Cette réduction de notre déploiemen­t se fait en parallèle avec la réduction des forces armées canadienne­s. On utilise beaucoup moins de F-18 lors des conflits : il devait y en avoir une vingtaine lors de la guerre du Golfe en 1991, juste 7 en Libye en 2011, et 6 en Irak pendant le mandat de l’ancien premier ministre Stephen Harper. Les États-Unis reprochent au Canada, entre autres, de ne pas être assez impliqué financière­ment et sur le terrain. Le Canada devrait-il en faire plus ? Pourquoi déployer davantage de forces canadienne­s alors que les Américains sont là ? Prenons l’exemple de la guerre en 2003 entre les États-Unis et l’Irak. Les Américains n’ont eu que deux gros alliés dans cette guerre, la GrandeBret­agne, qui amenait 40 000 soldats, et l’Australie, 2000 soldats. Quand la Grande-Bretagne a failli ne pas embarquer dans l’opération, le ministre américain de la Défense est resté catégoriqu­e et a prévenu qu’ils iraient sans eux. Avec 250 000 soldats, les États-Unis n’avaient pas besoin de la Grande-Bretagne. Les États-Unis ont une force militaire incroyable, ils peuvent entreprend­re toutes les opérations militaires qu’ils souhaitent à eux seuls sans avoir besoin de faire partie d’une coalition, contrairem­ent au Canada et à la majeure partie des pays du monde.

Alors, six avions canadiens de plus ou de moins en Irak, 500 militaires de plus ou de moins, cela va-t-il changer quoi que ce soit ? On a 65 000 militaires, les États-Unis en ont 1,4 million. C’est mieux d’envoyer 200 militaires canadiens ici et 400 là, dans des missions de paix de l’ONU auxquelles les États-Unis ne participen­t pas, ou à peine. C’est là que les FAC ont un réel impact. Quelle est la stratégie adoptée par le gouverneme­nt Trudeau pour les missions militaires à l’étranger ? La stratégie du Canada a toujours été la même depuis ses premières participat­ions. L’idée est de prendre part à des opérations multinatio­nales pour préserver la paix et la sécurité internatio­nales. C’est la rhétorique de la politique étrangère du Canada. Nos plus grosses missions sont en ce moment au Mali, en Lettonie et en Irak, des missions avec d’autres pays.

Sous Stephen Harper, il n’était par contre pas question de participer à des missions de paix, ce qui est un contraste profond avec le gouverneme­nt libéral, qui renoue avec cette tradition. Les conservate­urs ne croyaient tout simplement pas aux missions des Nations unies et s’impliquaie­nt davantage avec l’OTAN. Justin Trudeau vient changer la donne.

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 ?? ANJA NIEDRINGHA­US ARCHIVES ASSOCIATED PRESS ?? Un soldat des Forces armées canadienne­s encadre une séance d’entraîneme­nt des soldats de l’Armée nationale afghane au Centre d’entraîneme­nt militaire de Kaboul, en Afghanista­n, le mercredi 7 mars 2012.
ANJA NIEDRINGHA­US ARCHIVES ASSOCIATED PRESS Un soldat des Forces armées canadienne­s encadre une séance d’entraîneme­nt des soldats de l’Armée nationale afghane au Centre d’entraîneme­nt militaire de Kaboul, en Afghanista­n, le mercredi 7 mars 2012.

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