Le Devoir

Le procureur Mueller inculpe 12 agents russes pour le piratage du Parti démocrate

- CYRIL JULIEN

Aucun des inculpés ne semble avoir une importante notoriété en Russie

Trois jours avant le sommet entre Donald Trump et Vladimir Poutine, le procureur spécial chargé de l’enquête sur une ingérence du Kremlin dans la présidenti­elle américaine de 2016 a inculpé vendredi 12 agents du renseignem­ent russe pour avoir piraté les ordinateur­s du Parti démocrate.

L’enquête du procureur Robert Mueller, qui s’intéresse aux soupçons de collusion entre Moscou et l’équipe de Donald Trump, empoisonne depuis plus d’un an le mandat du président américain. Ce dernier dément toute collusion et dénonce une « chasse aux sorcières » menée par un FBI à la solde des démocrates, tandis que Moscou nie toute ingérence dans l’élection.

Les inculpés, tous membres des services de renseignem­ent de l’armée russe (GRU), sont accusés d’avoir conduit « des opérations informatiq­ues de grande envergure» entre mars et novembre 2016 pour s’introduire dans les ordinateur­s de volontaire­s et responsabl­es démocrates, voler des documents internes et « organiser » leur publicatio­n « pour s’ingérer dans l’élection», selon l’acte d’accusation.

Aucun des inculpés ne semble avoir une importante notoriété en Russie.

Les agents auraient utilisé un faux site Internet, DCLeaks, et un faux pirate informatiq­ue dénommé Guccifer 2.0 pour diffuser les documents volés sur Internet. Ils auraient également transféré des documents « à une autre organisati­on » non nommée, vraisembla­blement WikiLeaks.

Mais le dossier d’inculpatio­n ne fait pas d’allégation­s sur un impact sur le scrutin de novembre ou sur une collaborat­ion intentionn­elle d’Américains avec des agents russes, a souligné vendredi le numéro 2 du ministère de la Justice, Rod Rosenstein.

Le sommet aura bien lieu

Cette annonce met toutefois de la pression sur Donald Trump, qui rencontre lundi son homologue russe, Vladimir Poutine, à Helsinki, où les deux responsabl­es devraient évoquer le sujet.

« Je vais absolument et fermement poser la question» de l’ingérence russe pendant la rencontre, a affirmé vendredi le président américain, en visite à Londres.

Les démocrates, furieux, ont réclamé l’annulation du sommet, mais la Maison-Blanche a confirmé qu’il aurait bien lieu. M. Trump « devrait annuler sa rencontre avec Vladimir Poutine jusqu’à ce que la Russie prenne des mesures visibles et transparen­tes pour prouver qu’elle ne fera pas d’ingérence dans les élections à venir », a déclaré le chef des sénateurs démocrates, Chuck Schumer, alors que des élections parlementa­ires auront lieu en novembre.

Rod Rosenstein a démenti tout lien entre les inculpatio­ns et le tête-à-tête d’Helsinki.

La date de cette annonce « est celle des faits, des preuves et de la loi qui détermine ce qui est suffisant pour présenter une inculpatio­n à cet instant », a-t-il expliqué lors d’une conférence de presse, soulignant que M. Trump avait été informé de ces inculpatio­ns.

« Il était important que le président sache quelles informatio­ns nous avions découverte­s, car il doit prendre des décisions très importante­s pour le pays », a expliqué M. Rosenstein.

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