Escapade
Depuis un an, le paysage hôtelier du centre-ville de Montréal évolue à la vitesse grand V, se métamorphosera encore, et l’éventail de services sera à l’avenant
Le William Gray, le Renaissance, le Mount Stephen, l’AC Marriott, le Monville, l’Humaniti en chantier, le Fairmont Le Reine Elizabeth nouvelle mouture, le nouveau Château Champlain en devenir (sa cure de jouvence débutera à la fin de l’année), le très attendu établissement Birks, l’enseigne Four Seasons qui revient à Montréal et sera reliée au nouveau magasin Holt Renfrew Ogilvy, rue Sainte-Catherine Ouest…
Depuis un an, le paysage hôtelier du centre-ville de Montréal évolue à la vitesse grand V, se métamorphosera encore, et l’éventail de services sera à l’avenant. Qu’est-ce qui change? «L’hôtel se modernise!» dit Charles Laley, vice-président ventes et marketing chez RIMAP Services d’hospitalité, la compagnie montréalaise qui gère le nouveau AC Marriott, le premier au pays.
«De plus en plus, les hôtels sont axés sur la technologie, poursuit-il. On ne peut pas être un hôtel de chaîne aujourd’hui sans l’Internet haute vitesse, c’est devenu un incontournable.»
«Les services aussi sont intelligents avec, par exemple, des téléviseurs haute définition connectés à Netflix», dit le porte-parole de l’hôtel lifestyle, c’est-à-dire doté d’un design moderne pour gens d’affaires modernes.
À deux coins de rue de là, angle De Bleury et De la Gauchetière, le Monville, un autre établissement lifestyle, indépendant celui-là et inauguré en mars dernier, mise également sur la technologie de pointe pour séduire la clientèle. Même qu’il s’en sert pour révolutionner au passage des services hôteliers traditionnels. Un exemple? Le robot qui assure le service aux chambres, une première au Canada et une curiosité qui fait sans doute qu’on n’oublie pas de sitôt son séjour !
Autres innovations de cet établissement du quartier international, celles-là inspirées de la technologie aéroportuaire: les bornes d’enregistrement distributrices de clés et, bientôt, l’enregistrement par l’entremise de son téléphone intelligent, histoire d’accéder à sa chambre encore plus rapidement. Déjà, la clé magnétique, à la manière de celle des cabines des bateaux de croisière, sert à régler les achats sur place comme les cocktails et repas commandés au bar et les en-cas proposés au comptoir alimentaire Grab & Go.
«Nous, de l’hôtellerie, sommes des dinosaures! affirme Marc Saunier, gestionnaire des actifs pour le Monville et l’hôtel Gault, dans le Vieux-Montréal. On est conservateurs et souvent pris dans la “boîte”: on vend de la soupe et des lits, et on ne veut pas en sortir. Avec le Monville, on s’est dit: que veut vraiment le client aujourd’hui ? »
Eh bien, il semble qu’il veuille de l’efficacité, mais pas au détriment du contact humain. «L’idée n’est pas de remplacer les humains par la machine, souligne deux fois plutôt qu’une M. Saunier, mais d’utiliser la technologie pour nous permettre de faire ce que les autres hôteliers ont oublié de faire, soit de dire bonjour aux clients, les écouter, les renseigner et les conseiller. Ici, tous nos associés sont des concierges. »
Par ailleurs, il semblerait que les joueurs de l’hôtellerie sont non seulement en train de changer le visage du centre-ville, mais d’ajouter une nouvelle corde à leur arc…
On sort à l’hôtel, chéri ?
À un jet de pierre du Monville, le directeur général de l’InterContinental Montréal, Bernard Chênevert, est d’avis que l’hôtel doit mieux s’ancrer dans la vie de quartier: «Il doit offrir des services aux résidents et non uniquement à la clientèle qui y loge.»
«En plus du restaurant et du bar, poursuit-il, l’hôtelier devra explorer l’idée d’offrir un service de nettoyage à sec, celui d’un fleuriste ainsi qu’un comptoir de plats prêts-à-manger.» L’établissement de la rue SaintAntoine y travaille et estime qu’ils verront le jour d’ici 2019.
L’an dernier, le dévoilement des nouveaux espaces publics du Fairmont Le Reine Elizabeth venait enrichir la redéfinition du rôle de l’hôtel, à savoir celui de pôle social contribuant à la vitalité de son milieu.
«Tout le concept de l’hôtel a été pensé pour reconquérir les Montréalais, explique Joanne Papineau, directrice régionale des relations publiques. Le marché Artisans, le bar Nacarat, le café Kréma et le resto Rosélys plaisent autant aux clients de l’hôtel qu’aux gens d’affaires et aux résidents du centre-ville. Ajouter une palette de nouveaux services accessibles également à la clientèle non hébergée est une tendance que nous explorons. »
Avec ses fruits et légumes frais, ses viandes, poissons, fromages et produits fins d’ici et d’ailleurs, le marché Artisans est un atout dans un secteur où les épiceries se font rares. Selon Mme Papineau, le concept d’un marché à même un hôtel serait unique en Amérique du Nord. Il était d’ailleurs finaliste aux prix Distinction 2018 de Tourisme Montréal dans la catégorie «Innovation».
On est toujours ravis de voir des résidents fréquenter nos halls, que ce soit pour y prendre un café avec un client o u un verre » entre amis CHRISTIANE GERMAIN
Du côté du Groupe Germain Hôtels, on est « toujours ravis de voir des résidents fréquenter nos halls, que ce soit pour y prendre un café avec un client ou bien un verre entre amis», dit la coprésidente Christiane Germain.
D’autant plus que ces espaces prennent de plus en plus l’allure de galeries d’art, une façon pour le groupe de «célébrer la culture locale». Inauguré en 1999, Le Germain de la rue Mansfield, premier hôtel-boutique de Montréal, fermera ses portes en octobre prochain, le temps de rénovations à hauteur de 20 millions, qui prévoient notamment un réaménagement complet des espaces publics. Il rouvrira en mai 2019.
Pour M. Saunier, l’hôtel doit s’ouvrir à tous, gens du quartier comme gens de passage. Spacieux, lumineux et invitants, les nouveaux halls d’hôtel sont «des espaces publics où travailler, organiser une réunion, manger, lire, discuter, que sais-je » !