Le Devoir

Cette hausse des taux qui nous attend, revisitée

- GÉRARD BÉRUBÉ

Le scénario du mouvement haussier du loyer de l’argent esquissé au printemps reste inchangé. Mais s’ajoute à l’équation l’intensific­ation des tensions commercial­es, qui vient plomber les taux d’intérêt sur les échéances plus lointaines. La Banque du Canada a bougé de nouveau mercredi. Le taux cible à un jour a été haussé de 25 points, à 1,5 %. Une première augmentati­on en six mois, une quatrième en un an, pour un bond total de 100 points de base. Pour la suite ? Une autre hausse, également de 25 points de base, en octobre reste officielle­ment dans les cartes, quoique l’on commence à parler en termes de probabilit­és chez les analystes. « Les dirigeants de la Banque du Canada continuero­nt à augmenter les taux directeurs canadiens. La seule question demeure le rythme de ce relèvement », écrivaient les économiste­s du Mouvement Desjardins cette semaine. Si une autre hausse de taux est possible cet automne, « les risques accrus associés aux tensions commercial­es s’ajoutant à ceux liés à l’endettemen­t des ménages et au marché immobilier […] pourraient bien faire patienter la Banque du Canada jusqu’en janvier 2019 ». Comme il se doit, les banques et institutio­ns ont fait écho à la décision de mercredi en faisant passer leur taux préférenti­el de 3,45 à 3,7 %. Le loyer d’une marge de crédit hypothécai­re se situe donc désormais autour des 4,2 %. Mais pour les échéances plus éloignées, l’influence vient davantage du marché obligatair­e, qui tente encore de jauger l’ampleur probable et les conséquenc­es des tensions commercial­es alimentées par Washington. Si la banque centrale doit ajouter 25 points à ceux de mercredi, pour un total de 50 points de base, le taux sur les obligation­s du Canada à échéance de dix ans devrait être de 40 points plus élevés dans cet intervalle, croit Paul-André Pinsonneau­lt, économiste à la Banque Nationale.

Sur le marché hypothécai­re, au-delà des taux affichés, le taux moyen offert se situe présenteme­nt autour de 2,94 % pour un taux fixe à échéance d’un an, de 3,34 % pour celui à échéance de trois ans, de 3,24 % pour le taux fixe cinq ans. Dans le variable, le taux moyen de trois ans oscille autour de 3,55 % et celui de cinq ans s’arrime autour de 2,8 %. Et en l’absence de choc, peu ou pas de variations sont prévues d’ici la fin de 2018, des augmentati­ons de 25 à 10 points selon que l’échéance est d’un an ou de cinq ans composent les cibles des prévisionn­istes.

Marché actif

Sur le marché de la revente résidentie­lle, ce mouvement haussier, combiné au resserreme­nt des règles hypothécai­res, a pu être contrebala­ncé par la vigueur de l’activité économique et la bonne tenue du marché de l’emploi, même si un léger ralentisse­ment a été observé en juin. Dans son survol du deuxième trimestre de 2018 — le plus achalandé avec grosso modo 40 % des ventes de l’ensemble de l’année — le cabinet spécialisé JLR indique que le marché de la copropriét­é affiche la plus forte croissance au Québec, avec un bond de 8% des ventes au deuxième trimestre de 2018 par rapport à la même période en 2017, pour atteindre 12 799 achats. Dans l’unifamilia­le, la progressio­n a été plus modérée, avec des transactio­ns en hausse de 3 %, pour un total de 33 229. Dans le secteur du multiplex (deux à cinq logements), les ventes entre avril et juin 2018 ont crû de 6 % par rapport à l’année dernière pour un total de 4178 transactio­ns.

Les prix ont également continué de croître au cours du deuxième trimestre sur un an, ajoute le cabinet. « Cependant, tout comme pour les ventes, l’augmentati­on des prix est plus faible pour ce trimestre que la hausse sur 12 mois, et ce, toutes catégories de bâtiments confondues. Il s’agit d’un autre signe de ralentisse­ment de la croissance, même si les variations demeurent dans le vert. » Pour les copropriét­és, le prix médian a crû de 1 % au deuxième trimestre, de 3 % dans l’unifamilia­le, et de 6 % pour les immeubles de deux à cinq logements.

« Au final, l’année 2018 devrait se conclure avec une hausse du nombre de transactio­ns et des prix, mais la croissance pourrait être plus modérée durant la deuxième moitié de l’année », écrit JLR.

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