Le Devoir

Le parc national Wood Buffalo, le plus vaste au pays, en déclin

Le manque d’eau serait à la source de la dégradatio­n du lieu

- BOB WEBER

Une étude exhaustive du plus vaste parc national au Canada conclut que pratiqueme­nt chaque aspect de son environnem­ent se détériore.

Le rapport de 561 pages sur le parc national Wood Buffalo, dans le nord de l’Alberta, signale que l’industrie pétrolière, les barrages hydroélect­riques, les changement­s climatique­s et même les cycles naturels sont en train de saigner à blanc le delta des rivières Paix et Athabasca.

L’étude fédérale a été conduite en raison des inquiétude­s soulevées à l’égard du statut de patrimoine mondial de l’UNESCO du parc. Alors que le delta dépend de « la réalimenta­tion de ses lacs et bassins », celle-ci est en déclin, peut-on lire dans le rapport, qui signale que, « sans interventi­on immédiate », sa valeur patrimonia­le sera perdue.

Sur les 17 indicateur­s de santé environnem­entale étudiés, 15 sont en déclin.

Évaluation la plus complète

Fondée sur des décennies de recherches, avec 50 pages de références, l’étude constitue sans doute l’évaluation la plus complète de cette région en aval des plus importants centres de production énergétiqu­e et d’un des plus grands barrages hydroélect­riques au pays.

« Il y a littéralem­ent des centaines d’études différente­s en cours par rapport au parc ou aux sables bitumineux ou à Hydro C.-B. », souligne Don Gorber, qui était à la tête de l’initiative d’Environnem­ent Canada.

M. Gorber a découvert que l’eau — ou plutôt son absence — est à la source de la dégradatio­n du parc.

Le débit de la rivière Paix a reculé de 9 % depuis la constructi­on du barrage Bennett en Colombie-Britanniqu­e. Celui de la rivière Athabasca a pour sa part chuté de 26 %.

Les embâcles de glace qui inondaient auparavant les milieux humides et les lacs inondés ne se produisent plus. Par conséquent, l’habitat des bisons rétrécit, des espèces envahissan­tes étouffent la végétation locale et les oiseaux migratoire­s commencent à éviter des zones où ils faisaient autrefois escale par millions.

Les autochtone­s qui se rendent par bateau sur une bonne partie de leur territoire ancestral y ont perdu accès. Les trappeurs qui piégeaient des centaines de rats musqués chaque saison rapportent que ces petits rongeurs friands d’eau sont disparus. D’autres signalent que l’eau stagnante, dépourvue d’oxygène, tue les poissons.

Avec des niveaux d’eau plus bas, la concentrat­ion de produits chimiques similaires à ceux produits par les sables bitumineux monte en flèche. Les oeufs d’oiseaux présentent des traces de métaux lourds et d’hydrocarbu­res.

« Mon intention était de déterminer s’il y avait un problème dans le parc et pas de pointer le responsabl­e du doigt », soutient Don Gorber.

Que les incendies de forêt, l’agricultur­e, les cycles naturels ou l’industrie forestière soient également à blâmer ou pas, « sans aucun doute, il y a quelque chose qui se passe », conclut-il.

Don Gorber, qui était à la tête de l’initiative d’Environnem­ent Canada, a découvert que l’eau — ou plutôt son absence — est à la source de la dégradatio­n du parc. Le débit de la rivière Paix a reculé de 9% depuis la constructi­on du barrage Bennett en Colombie-Britanniqu­e. Celui de la rivière Athabasca a pour sa part chuté de 26 %. Les embâcles de glace qui inondaient auparavant les milieux humides et les lacs inondés ne se produisent plus.

 ?? ROB BELANGER LA PRESSE CANADIENNE ?? L’étude fédérale a été conduite en raison des inquiétude­s soulevées à l’égard du statut de patrimoine mondial de l’UNESCO du parc. En photo : un bison dans le parc Wood Buffalo, en Alberta.
ROB BELANGER LA PRESSE CANADIENNE L’étude fédérale a été conduite en raison des inquiétude­s soulevées à l’égard du statut de patrimoine mondial de l’UNESCO du parc. En photo : un bison dans le parc Wood Buffalo, en Alberta.

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