Le Devoir

Une deuxième étoile pour les Bleus

- KARL RETTINO-PARAZELLI

«Au football, ce n’est pas toujours la meilleure équipe qui gagne. » Cette pensée livrée sur le coup de l’émotion par l’attaquant belge Eden Hazard après la défaite de son équipe en demi-finale face à la France résumait bien le sentiment partagé par plusieurs de ses coéquipier­s, qui se demandaien­t encore comment ils avaient pu laisser échapper un match qu’ils pensaient mériter de gagner.

Les Croates ne l’ont pas dit aussi crûment après leur défaite face à ces mêmes Français en grande finale de la Coupe du monde de la FIFA, mais certains pensent sans doute la même chose.

Dimanche, la Croatie a dominé la France à bien des égards : la possession du ballon, les chances de marquer, le nombre de passes réussies… Mais comme ce fut souvent le cas lors de ce tournoi, les Bleus sont parvenus à profiter des occasions qui se sont présentées à eux et ont trouvé le moyen de l’emporter, sans briller autant qu’ils en sont capables.

Après un début de match laborieux, c’est un coup franc controvers­é accordé par l’arbitre Nestor Pitana pour une faute à l’endroit d’Antoine Griezmann qui a permis à la France de marquer son premier but. Et même après avoir ouvert le score, les Bleus n’avaient toujours pas un tir cadré en banque, puisque c’est l’attaquant Mario Mandzukic qui a fait dévier le ballon dans son propre but.

Après la réplique croate, c’est une autre décision controvers­ée des officiels qui a permis à la France de reprendre les devants. Est-ce qu’Ivan Perisic a touché le ballon de la main dans la surface de réparation ? Sans aucun doute. Mais estce que cette séquence méritait que les arbitres assignés à la reprise vidéo intervienn­ent pour cause d’erreur « claire et évidente » de l’arbitre sur le terrain — comme le veut le règlement — et que Pitana accorde finalement un tir de pénalité crucial ? C’est beaucoup moins sûr.

La France a donc retraité au vestiaire avec une avance d’un but quasi inespérée. « En première mi-temps, la meilleure équipe, c’était nous », a d’ailleurs commenté le milieu de terrain Ivan Rakitic après le match.

Effacer les doutes

Avant le match de dimanche, une seule équipe dans l’histoire de la Coupe du monde de la FIFA était parvenue à gagner la finale après avoir tiré de l’arrière après 45 minutes de jeu – c’était l’Uruguay, en 1930. Et la France ne voulait surtout pas que la Croatie devienne la deuxième.

Soudaineme­nt plus incisifs, les Bleus ont marqué coup sur coup des buts qui, eux, n’ont semé aucun doute. Paul Pogba puis Kylian Mbappé ont cru mettre le match hors de portée des Croates. Le gardien français, Hugo Lloris, s’est cependant assuré d’ajouter un peu de piquant à cette fin de partie en commettant une faute grossière dans sa surface de réparation, ballon au pied. Le but inscrit à ce moment par Mandzukic a permis aux Croates de rêver à une remontée spectacula­ire, mais après leurs épuisants matchs de la phase éliminatoi­re, ils ont été à court de miracles.

La France est donc championne de la Coupe du monde de la FIFA pour la deuxième fois de son histoire, après le sacre de 1998. S’est-elle révélée la meilleure équipe du tournoi ? Ou même la plus dominante de cette finale ? Presque tous les experts interrogés sur les réseaux de télévision à la suite de la rencontre s’entendent pour dire que non.

Mais cette France opportunis­te et bourrée de talents a démontré que parmi toutes les statistiqu­es, une seule compte vraiment. Et c’est la première, tout en haut : celle des buts marqués.

Plusieurs se demandaien­t de quoi serait fait ce surprenant duel FranceCroa­tie, opposant deux équipes en apparences inégales. Il y a finalement eu de tout dans ce match qui passera sans doute à l’histoire comme l’une des finales de la Coupe du monde ayant offert le spectacle le plus divertissa­nt.

Les amateurs de soccer de la planète ont pu assister à de superbes buts, à des instants dramatique­s, à des gaffes peu communes, et même à l’irruption sur le terrain de spectateur­s qui n’ont sans doute pas eu la chance de voir les dernières minutes du match.

Cette finale a été à l’image de cette Coupe du monde 2018 : remplie de surprises. Les grandes équipes favorites qui tombent comme des mouches, la Russie qui atteint les quarts de finale chez elle, et bien sûr cette infatigabl­e Croatie qui se rend jusqu’au bout avant de s’incliner sans avoir à rougir. Les parieurs ont peut-être ragé pendant un mois, mais les partisans, eux, en redemanden­t.

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FRANK FIFE AGENCE FRANCE-PRESSE La France est championne de la Coupe du monde de la FIFA pour la deuxième fois de son histoire, après le sacre de 1998.

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