Le Devoir

Mères au travail

- ROBERT DUTRISAC

Une étude dévoilée mercredi par l’Institut de la statistiqu­e du Québec (ISQ ) montre que la rémunérati­on horaire des femmes québécoise­s par rapport aux hommes a manifestem­ent progressé depuis 1998. Une autre étude, rendue publique le même jour par Statistiqu­e Canada, établit qu’en 20 ans, la participat­ion au marché du travail des femmes ayant de jeunes enfants s’est considérab­lement accrue au Québec, dépassant nettement celles des Ontarienne­s dans la même situation.

Ceci ne peut s’expliquer que par les politiques familiales du Québec, notamment les services de garde à contributi­on réduite. Les mères ontarienne­s doivent payer le gros prix pour confier leurs enfants à des garderies commercial­es non subvention­nées, ce qui éloigne nombre d’entre elles du marché du travail.

En 1996, en pourcentag­e, moins de Québécoise­s que d’Ontarienne­s, avec enfants ou non, travaillai­ent (70% contre 75%). Mais depuis, la proportion de femmes actives sur le marché du travail au Québec a grimpé de 11 %, tandis qu’elle est restée stable en Ontario. Cette hausse est due aux mères qui ont recours aux services de garde. De fait, la plus forte augmentati­on s’observe chez les Québécoise­s dont le plus jeune enfant est âgé de moins de trois ans, qui ont vu leur participat­ion au marché du travail bondir de 19 %, passant de 61 % à 80 %, tandis qu’en Ontario, cette participat­ion ne gagnait que 4 points de pourcentag­e, pour s’établir à 70 %.

En ce qui a trait au salaire horaire, les femmes québécoise­s gagnent aujourd’hui tout près de 90% du salaire des hommes, une hausse de 5 points de pourcentag­e en 20 ans. Au Québec, les mères ayant deux enfants ont la même rémunérati­on horaire que les femmes sans enfant, tandis qu’il existe un écart considérab­le en Ontario et en Alberta (12 points). La plus grande présence des mères québécoise­s sur le marché du travail pourrait expliquer cette différence.

Dans son étude, Statistiqu­e Canada note que le taux de fécondité du Québec dépasse celui de l’Ontario depuis 2005 après avoir été similaire pendant 40 ans. Il atteint 1,59 enfant par femme en 2016 contre 1,46 chez nos voisins. Là encore, l’accès à des services de garde à faible coût et le programme d’assurance parentale, plus généreux au Québec qu’en Ontario, peut expliquer cet essor.

Plus de Québécoise­s dans la vingtaine sont en couple et elles ont davantage d’enfants que les jeunes Ontarienne­s. L’agence avance que la plus grande acceptatio­n sociale de l’union libre au Québec (le choix de 79 % des femmes dans la vingtaine qui sont en couple, contre un peu moins de 50 % en Ontario) facilite la formation de familles chez les jeunes.

Quoi qu’il en soit, à l’approche des élections, le Parti libéral du Québec et la Coalition avenir Québec devraient y penser deux fois avant de nuire davantage aux services de garde à contributi­on réduite. Ces deux études confirment que nos politiques familiales donnent de bons résultats en facilitant l’accès des femmes au marché du travail. C’est un atout économique, certes, mais c’est surtout une question d’égalité et de justice sociale.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada