Isoler Trump avec les autres peuples
Lors du G7, l’Association québécoise des organismes de coopération internationale, l’AQOCI, demandait aux grandes puissances d’atteindre la cible de 0,7 % du revenu national brut dans l’Aide publique au développement. Ça a l’air simple, mais c’est une revendication qui existe depuis des années sans qu’elle soit atteinte après toutes les pressions et les promesses faites.
Les Québécois se sont largement mobilisés pour la paix dans de nombreuses circonstances de leur histoire, la dernière mobilisation de masse étant celle contre la guerre en Irak, qui a laissé des traces jusqu’à Ottawa, pour empêcher le Canada de participer à cette guerre.
Étant donné que le budget de la Défense nationale du Canada a augmenté, ou va augmenter dans les 10 prochaines années de 70 % et que ces dépenses sont 3,8 fois plus élevées que les montants investis dans l’Aide publique au développement du Canada — qui représente seulement 0,26 % de la cible de 0,7 % établie par les Objectifs du développement durable de l’ONU —, les organismes de solidarité internationale du Québec feraient oeuvre utile en continuant de mettre de la pression sur le gouvernement canadien pour que l’Aide publique au développement soit augmentée. Le Royaume-Uni a atteint cette cible. Comme pour les pailles en environnement, Trudeau pourrait s’inspirer de madame May, qui a réussi un grand coup d’éclat avec ses petites pailles. On en entend parler tous les jours aux nouvelles. En comparaison, Cuba consacre 6,6 % de son PIB à l’aide internationale et assume 32 % de l’aide médicale mondiale.
La question restera toujours de la source des fonds à engager de manière à ne pas hausser les taxes. En plus, certains diront que la diminution des dépenses de la Défense nationale pourrait nous exposer au terrorisme. Mais c’est un cercle vicieux : plus on engage de fonds dans la militarisation et la guerre, plus les peuples se sentent agressés et plus on a recours à ce procédé pour vaincre le terrorisme alors que l’on sait très bien que l’extrême pauvreté est le terreau du terrorisme et du populisme. On ne peut pas penser venir à bout du terrorisme seulement par la guerre et la militarisation.
Alors, à entendre Trump exhorter Trudeau d’augmenter les dépenses militaires pour soi-disant contribuer plus à l’OTAN, je me dis que les organismes de solidarité internationale québécois pourraient être mis à contribution pour isoler Trump, dans un monde qui le voit de plus en plus comme un va-t-en-guerre impénitent manipulé par la Pentagone, et faire pression sur un Trudeau hésitant pour un transfert de fonds de la Défense canadienne vers l’Aide publique au développement. C’est logique et cela représente une option politique plus populaire.
Une campagne en ce sens, devant les inquiétudes que Trump suscitent un peu partout du point de vue de l’engagement militaire et des guerres commerciales, serait sûrement aussi à propos de n’importe quoi d’autre pour isoler les États-Unis dans leurs constantes menaces, perspectives guerrières et leur volonté hégémonique.