Le Devoir

Un juge retire le mandat d’arrêt internatio­nal contre Puigdemont

L’ancien président et cinq autres dirigeants indépendan­tistes risquent toutefois d’être arrêtés et incarcérés s’il reviennent en Espagne

- MATHIEU GORSE AVEC DANIEL BOSQUE

L’ex-président catalan Carles Puigdemont et cinq autres dirigeants indépendan­tistes ayant fui à l’étranger ne risquent plus d’être extradés pour leur rôle dans la tentative de sécession de la Catalogne en octobre, après le retrait jeudi des mandats d’arrêt internatio­naux les visant.

Cette décision du juge espagnol Pablo Llarena intervient après la décision, il y a une semaine, de la justice allemande de n’autoriser l’extraditio­n de M. Puigdemont vers l’Espagne que pour le délit de malversati­on et non pour rébellion, passible de 25 ans de réclusion.

Dans l’arrêt, rendu public jeudi par la Cour suprême, le juge a dit refuser que l’ex-président catalan ne soit extradé que pour malversati­on et retirer les mandats d’arrêt européens et internatio­naux visant ces six dirigeants catalans.

Concrèteme­nt, ces séparatist­es sont donc désormais libres de se déplacer à l’étranger sans courir le risque d’être arrêtés et extradés. Ils seraient en revanche incarcérés s’ils revenaient en Espagne, où sle mandat d’arrêt est toujours en vigueur.

Dans un tweet, l’ex-président catalan a estimé que cette décision était la « démonstrat­ion de l’immense faiblesse» du dossier du juge Llarena. Son successeur à la tête de l’exécutif régional, Quim Torra, a quant à lui salué une « nouvelle victoire politique et judiciaire ».

Hormis Carles Puigdemont, actuelleme­nt en Allemagne, où il avait été arrêté fin mars, cette décision concerne quatre membres de l’ex-gouverneme­nt catalan — Toni Comín, Lluis Puig et Meritxell Serret, qui se sont exilés en Belgique, et Clara Ponsatí, qui vit en Écosse — et Marta Rovira, la dirigeante du parti de gauche indépendan­tiste ERC, qui serait en Suisse.

Incertitud­e

L’incertitud­e demeure toutefois en ce qui concerne la suite de la procédure, le juge Llarena ayant déjà retiré un premier mandat d’arrêt internatio­nal contre ces indépendan­tistes en décembre avant de le réactiver fin mars.

«Si nous accueillon­s positiveme­nt cette annonce, nous devons aussi rester prudents jusqu’à ce que le gouverneme­nt espagnol nous garantisse que c’est la fin de l’affaire », a d’ailleurs réagi Aamer Anwar, l’avocat de Clara Ponsatí.

La première ministre indépendan­tiste de l’Écosse, Nicola Sturgeon, a quant à elle qualifié de « très bonne nouvelle » la fin du mandat d’arrêt contre Clara Ponsatí. «Les divergence­s politiques devraient être réglées démocratiq­uement, pas devant les tribunaux », a-telle déclaré sur Twitter.

L’un des avocats de Carles Puigdemont, Gonzalo Boye, a salué le retrait des mandats. « Nous sommes très satisfaits. Cela n’a pas de sens que des faits ne soient pas un délit dans le reste de l’Europe et le soient en Espagne », at-il ajouté, faisant allusion à l’accusation de rébellion.

La justice allemande avait en effet estimé que cette accusation n’était pas recevable en droit allemand, car M. Puigdemont « n’était pas le chef spirituel de violences » et parce que lesdites « violences [ayant eu lieu en octobre] n’étaient pas d’une ampleur suffisante » pour justifier de telles poursuites.

« Nouveau ridicule internatio­nal pour Llarena et la justice espagnole », a lancé sur Twitter Sergi Sabrià, d’ERC.

Au total, vingt-cinq dirigeants séparatist­es catalans sont inculpés en Espagne pour leur rôle dans la tentative de sécession.

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