Le Devoir

Dictature rime avec censure

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Dans la foulée de l’excellente chronique de Francine Pelletier sur

SLĀV et le débat public qui s’en est suivi, j’aimerais ajouter que si certains des manifestan­ts devant le TNM ont pu se targuer d’être des descendant­s d’esclaves, madame Bonifassi et monsieur Lepage pourraient, à juste titre, prétendre être les descendant­s de toutes ces personnes de race blanche qui ont combattu le racisme et l’esclavagis­me. Et pour des milliers d’entre eux, ils l’ont payé de leur vie. Sans eux, l’esclavagis­me, existerait peutêtre encore.

En tout respect pour eux, s’il existe plusieurs « nuances de gris », il existe aussi plusieurs nuances de noir et plusieurs nuances de blanc. Ce que nos ancêtres ont subi, toutes couleurs de peau confondues, ne nous qualifie nullement pour réclamer l’exclusivit­é d’opinion sur quel que sujet que ce soit. La censure et l’intimidati­on sont de la même eau que l’esclavage, à savoir la négation des droits fondamenta­ux des êtres humains.

Pour ceux qui l’ignorent, Lincoln, ce n’est pas seulement une marque d’automobile­s. Si on peut déplorer certains comporteme­nts de nos ancêtres, nous n’en sommes pas responsabl­es et nous ne les approuvons pas du tout. Corrigeons ce qui peut l’être, mais pas au point de s’autoflagel­ler et de nous nier nous-mêmes. On dénonce le racisme haut et fort et on n’a pas à s’en excuser ni à s’en expliquer à qui que ce soit. Prétendre à l’exclusivit­é de la connaissan­ce et de la pensée, ça s’appelle de la dictature et ça rime avec censure. Michel Favreault Le 19 juillet 2018

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