Le Devoir

Le Verre Bouteille change de main

Trois nouveaux partenaire­s veulent revitalise­r le bar-spectacle de l’avenue du Mont-Royal

- PHILIPPE PAPINEAU LE DEVOIR

C’est important que des petites salles du genre existent. La proximité d’une foule de 100 personnes est riche et formatrice pour nos artistes émergents. JAKE WARREN

Même si l’époque n’est pas clémente pour les petits lieux de diffusion, trois nouveaux partenaire­s ont décidé de faire l’acquisitio­n du célébré bar-spectacle Le Verre Bouteille, sur l’avenue du MontRoyal Est à Montréal. Leur objectif est de donner un nouveau souffle à l’établissem­ent et de rajeunir la clientèle.

La salle, qui a fêté ses 20 ans en 2016, vient d’être vendue à Jake Warren — aussi gérant du pub Le Terminal, à quelques pas de là — et à deux employés actuels, Pascal Plante et Pat Johnson.

Cette passation met fin à l’ère de la famille Rouleau, propriétai­re du 2112 depuis 1942. Alfred, le patriarche, menait alors le Buffet rouge, rebaptisé plus tard Buffet De Lorimier. De 1977 à 1996, l’endroit était un bar western, et il est devenu Le Verre Bouteille lorsque les soeurs Nathalie et Sylvie Rouleau ont pris la relève.

Dans le communiqué de presse annonçant le changement de propriétai­re, le ton des trois nouveaux patrons est de toute évidence au changement. Pascal Plante devient le directeur de la programmat­ion, poste longtemps occupé par René Flageole. Plante veut rajeunir la clientèle et diversifie­r la carte musicale.

Redonner ses notes de noblesse

« Nous avons l’ambition de transforme­r l’établissem­ent en une salle de spectacle accessible où les artistes indépendan­ts de Montréal se retrouvent pour essayer leur nouveau matériel, lancer leur EP, roder leurs spectacles, donner des prestation­s-surprises, explique Pascal Plante dans le communiqué. L’idée derrière cette revitalisa­tion est de redonner ses notes de noblesse au Verre Bouteille en présentant un plus grand volume de shows, en impliquant des acteurs importants du milieu et en s’associant à différents festivals et événements musicaux. »

Pat Johnson, « le visage du bar depuis plus de 20 ans », devient donc aussi propriétai­re du lieu. Quant à Jake Warren, il estime que son expertise avec les soirées d’humour qui ont lieu au deuxième étage du Terminal profitera au Verre Bouteille. « C’est important que des petites salles du genre existent, explique-t-il. La proximité d’une foule de 100 personnes est riche et formatrice pour nos artistes émergents. »

L’écosystème est actuelleme­nt difficile pour les petits lieux de diffusion musicale. Le Sous-Bois à Chicoutimi a fermé ses portes l’été dernier, Le Cercle à Québec est en transition, alors que Le Divan orange a cessé ses activités en mars. La concurrenc­e des artistes de renom est forte, les commandita­ires privés se tournent vers les grandes salles et les permis de bar de ces établissem­ents ne leur permettent pas de recevoir de l’aide gouverneme­ntale.

« Il faut travailler sur une certificat­ion qui viendrait reconnaîtr­e notre mandat culturel», racontait récemment dans Voir un ancien du Divan orange, Julien Senez-Gagnon. « On se fait tous dire qu’on est des bars, alors qu’on présente plus de musique par année qu’une maison de la culture subvention­née. »

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