Le Devoir

Les vélos seront interdits au cimetière Mont-Royal

- JEANNE CORRIVEAU

Les cyclistes ne pourront plus circuler dans le cimetière Mont-Royal à compter du 1er août. La direction du cimetière a justifié sa décision en invoquant le comporteme­nt délinquant de certains cyclistes.

Le cimetière soutient qu’au cours des deux dernières années, il a tenté de faire respecter les règles limitant à 10 km/h la vitesse autorisée pour les cyclistes et obligeant ceux-ci à rouler en file indienne dans des groupes ne dépassant pas quatre personnes. Des dos d’âne ont aussi été aménagés sur certaines voies.

Ces mesures ainsi que les affiches et les campagnes de sensibilis­ation n’ont toutefois pas suffi, a indiqué Alexandre Gonçalves, gérant des opérations au cimetière Mont-Royal.

Délinquanc­e

« On a vu un afflux de groupes de cyclistes après les heures d’ouverture et les fins de semaine. Ils utilisent le terrain pour s’entraîner. Certains ne respectent pas nos consignes, roulent à vive allure et ne se conforment pas au caractère sacré du cimetière », a-t-il expliqué.

Le cimetière a récemment installé une chicane dans l’entrée destinée aux piétons afin d’empêcher les cyclistes d’y passer. Mais à compter du 1er août, même l’entrée pédestre sera fermée après 20 h afin de mieux contrôler l’accès au site, « du moins au début », a précisé M. Gonçalves.

L’autre cimetière du mont Royal, soit Notre-Dame-des-Neiges, interdit déjà les vélos sur sa propriété, fait valoir le cimetière Mont-Royal.

Discrimina­tion

« Je suis en deuil », a commenté Suzanne Lareau, p.-d.g. de Vélo Québec. « Je vais m’y entraîner deux fois par semaine. C’est vrai qu’il y a eu des abus. Je comprends la direction d’avoir été exaspérée. Il y a des gens qui venaient en pelotons de 20-30 cyclistes. Ça n’avait pas de bon sens. Ce n’est pas une place pour rouler en peloton. Et il y a des gens qui roulaient vite malgré la consigne. »

Mme Lareau estime toutefois que la décision du cimetière est trop draconienn­e : « Je trouve ça particulie­r qu’on soit rendu à établir une discrimina­tion sur le mode de déplacemen­t. Ce n’étaient pas tous les cyclistes qui étaient délinquant­s. »

Elle entend solliciter une rencontre avec la direction du cimetière afin que d’autres solutions puissent être envisagées.

La décision de la direction du cimetière n’étonne pas Marc-Antoine Desjardins, organisate­ur de la Cyclovia Camillien-Houde. Le resserreme­nt des règles et l’ajout de dos d’âne laissaient présager que, tôt ou tard, l’accès au site pourrait être réduit. « Je sais qu’il y en a qui ont poussé la note en matière de non-respect des règles. Mais le cimetière va trop loin dans son intransige­ance », dit-il.

Selon lui, la limite de vitesse de 10 km/h n’est pas réaliste, notamment dans la côte qu’empruntent les cyclistes. M. Desjardins déplore aussi que le cimetière n’ait pas consulté les acteurs concernés avant de prendre sa décision.

Projet pilote

« C’est dommage parce que, encore une fois, ça envoie un message de confrontat­ion, de repli et de fermeture. On perd un lieu d’entraîneme­nt qui, sans jeu de mots, est sacré. Pourquoi toujours devoir s’expatrier de la ville de Montréal pour faire des côtes ? On dirait que la place du sport et de l’activité physique, c’est secondaire à Montréal. »

Cette décision survient au moment où la Ville de Montréal mène un projet pilote pour éliminer la circulatio­n de transit sur le mont Royal en interdisan­t aux voitures de rouler sur la voie Camillien-Houde dans le segment situé entre la maison Smith et le lac aux Castors. Mais il n’y a pas de lien à faire entre la décision du cimetière et la tenue du projet pilote, assure Alexandre Gonçalves.

Fondé en 1852, le cimetière MontRoyal est géré par un organisme privé sans but lucratif. Le cimetière occupe une superficie de 165 acres.

« Je vais m’y entraîner deux fois par semaine. C’est vrai qu’il y a eu des abus. Je comprends la direction d’avoir été exaspérée. SUZANNE LAREAU

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VALÉRIAN MAZATAUD LE DEVOIR

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