Le Devoir

Liberté d’expression

- ROBERT DUTRISAC

Un regroupeme­nt syndical dans lequel figure le Syndicat canadien de la fonction publique (FTQ) a lancé une campagne d’affichage, sous le thème «Libéraux et caquistes, c’est du pareil au même, on mérite mieux», dans huit circonscri­ptions, soit Taschereau, à Québec, Pointe-aux-Trembles et Laurier-Dorion, à Montréal, Roberval, Saint-Jérôme, Châteaugua­y, La Pinière et Laval-des-Rapides.

Durant la campagne électorale, un tel affichage, qu’il soit le fait de partis politiques ou de tiers, serait considéré, au sens de la Loi, comme une dépense électorale devant être autorisée et payée par l’agent officiel d’un candidat ou d’un parti. En pratique, les tiers ne peuvent pas engager de dépenses électorale­s au Québec.

Rappelons que lors de l’élection de 2003, la FTQ avait été mise à l’amende pour avoir distribué des tracts dénonçant l’Action démocratiq­ue du Québec. Par la suite, les tribunaux avaient débouté la centrale et confirmé ces dispositio­ns de la Loi électorale du Québec.

Mais comme la campagne électorale n’a pas débuté, les syndicats, qui invoquent leur liberté d’expression, se sentent en droit d’engager des dépenses préélector­ales avec la pose de centaines d’affiches.

Les villes visées réagissent de façons diverses. Certaines les enlèvent sans ménagement ; d’autres mettent en demeure le regroupeme­nt syndical de les enlever à défaut de quoi des amendes seront imposées. Montréal a décidé de les laisser en place. La petite municipali­té de Chambord, dans la circonscri­ption du premier ministre Philippe Couillard, n’y va pas de main morte en menaçant d’imposer des amendes de 2000 $ par affiche, par jour. Les syndicats répondront par des requêtes en injonction.

À la Ville de Québec, qui a retiré les affiches en réclamant aux syndicats de payer les frais, on estime qu’il s’agit d’un affichage illégal, puisqu’il n’est pas autorisé par le règlement.

Sur le plan juridique, ce n’est pas aussi simple. Divers jugements établissen­t qu’une ville doit démontrer que l’interdicti­on d’afficher vise un objectif urgent et réel, ce qui se conçoit en l’occurrence, mais que l’atteinte à la liberté d’expression est minimale. Ce sera aux tribunaux de trancher.

Compte tenu du nouveau contexte créé par les élections à date fixe, le DGEQ a indiqué qu’il analysera les dépenses préélector­ales effectuées par les partis et les tiers afin de recommande­r des modificati­ons à la Loi électorale «si la situation le réclame». Il est clair qu’une réflexion documentée doit avoir lieu à ce sujet.

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