La trottinette électrique part à la conquête du monde
Au Québec, ces petits véhicules n’ont pas le droit de rouler sur la chaussée
Les compagnies de trottinettes électriques en libreservice sont à la conquête du monde. Et le Canada n’est pas en reste, de plus en plus de villes du pays caressant l’idée de leur faire, elles aussi, une place dans leur offre de transport actif. Tour d’horizon.
Après avoir séduit de nombreuses villes américaines, les compagnies de trottinettes électriques en libre-service s’apprêtent à prendre d’assaut le marché canadien. De Vancouver à Toronto, en passant par Calgary en Alberta, de plus en plus d’administrations municipales ont récemment indiqué être ouvertes à l’implantation de tels services sur leur territoire, révélait le Globe and Mail. Et à en croire les entreprises américaines spécialisées dans le « trottipartage » consultées par Le Devoir, ce ne serait qu’une question de temps avant le déploiement de ces petits bolides — semblables à ceux qu’utilisent les enfants, mais avec un moteur à pile en plus — dans nos rues.
Lancée à la fin de l’année dernière en Californie, la trottinette électrique, qui est offerte au moyen d’une application mobile, est, moins d’un an plus tard, présente dans la plupart des grandes villes américaines. On la retrouve, en effet, à San Francisco, Washington, New York et Miami, pour ne nommer que celles-là. Elle a également conquis le coeur des usagers, près de 70 % des Américains voyant d’un bon oeil l’arrivée de ces engins dans leur ville, selon une nouvelle étude de Populus, une firme indépendante spécialisée dans les questions de mobilité. Certains perçoivent même là une voie d’avenir pour réduire la place de l’automobile en ville, surtout que le service s’inscrit dans une vision d’intermodalité.
Restrictions et encadrement
Le hic, c’est que, malgré sa popularité grandissante auprès du public, la trottinette électrique cause de plus en plus de maux de tête aux administrations municipales, notamment en raison des enjeux de sécurité et de partage de la route — et des trottoirs — qu’elle soulève. « Les gens ne savent pas où les utiliser, expliquait Sarah Kaufman du NYU Rudin Center for Transportation dans une entrevue accordée au
New York Times la semaine dernière. Ce n’est pas rare qu’on les retrouve sur les trottoirs. Mais c’est bien trop rapide pour circuler là ! »
Prises de court, de nombreuses villes américaines ont donc commencé à revoir leur réglementation, histoire de mieux encadrer ce nouveau mode de transport. Dans certains cas, comme à Seattle, dans l’État de Washington, les trottinettes électriques ont carrément été interdites le temps que la ville puisse s’ajuster. Un peu plus au sud, San Francisco a, elle aussi, mis un frein au déploiement de ce genre de service. Ultimement, la ville californienne entend imposer un système de quotas. Pour être actives, les compagnies devront donc acquérir un permis et se limiter à 500 trottinettes chacune. Des réglementations similaires sont en voie d’être également instaurées à Los Angeles, à Austin au Texas et à Nashville au Tennessee, par exemple.
Au Canada, les informations actuellement disponibles semblent pointer vers un déploiement sous forme de projet-pilote. Proactive, la Ville de Calgary, notamment, devrait être prête à lancer le sien dès le printemps prochain. « Pour nous, il ne s’agit que d’un outil supplémentaire, indiquait dans une entrevue au Globe and Mail le coordinateur du projet, Thomas Thivener. C’est dans notre mentalité de faciliter l’implantation de ce genre d’innovation. » Pour sa part, la Ville de Toronto se montre prudente, préférant attendre de voir comment les choses se dérouleront dans d’autres villes du pays avant d’elle-même faire le saut.
Situation québécoise
Au Québec, le Code de la sécurité routière (CSR) interdit, pour le moment, l’utilisation de ce genre de véhicule sur la chaussée. «Le CSR est assez clair à ce sujet, indique Mario Vaillancourt, porte-parole pour la Société de l’assurance automobile du Québec. Les trottinettes électriques et à moteur ne peuvent circuler ni dans la rue, ni sur les trottoirs, ni dans les pistes cyclables. » Il précise que cette règle ne date pas d’hier, cette dernière n’ayant pas été ajoutée dans la plus récente refonte du Code.
De toute façon, rien pour le moment ne laisse croire qu’un service du genre sera bientôt déployé à Montréal ou ailleurs au Québec. Interrogée sur la question, la Ville de Montréal a indiqué qu’aucune démarche n’avait encore été entreprise pour implanter ce type de véhicule dans les rues de la métropole. Pour l’heure, « il n’y a pas
Les gens ne savent pas où les utiliser. Ce n’est pas rare qu’on les retrouve sur les trottoirs. Mais c’est bien trop rapide pour circuler là ! SARAH KAUFMAN
eu d’approche faite auprès de la Ville », a précisé Youssef Amane, l’attaché de presse du comité exécutif de la Ville de Montréal.
Même son de cloche du côté de BIXI Montréal, l’organisme derrière le service de vélo-partage de la métropole. « Ce n’est pas dans nos intentions à court terme, c’est certain », explique le directeur des communications de l’organisme, Pierre Parent. Surtout, ajoute-t-il, que de nouveaux modes de transport voient le jour presque chaque semaine, un des derniers en date étant une planche à roulettes électrique ! « Tout ce qui est électrique est dans l’air du temps, mais est-ce que ça veut dire qu’il faut se lancer dans tout? On va attendre de voir comment les choses se passent dans les autres villes, on aura bien le temps de se lancer plus tard si on se rend compte que ça vaut la peine. »