Le Devoir

Des cyclistes déçus d’être bannis du cimetière Mont-Royal

- MORGAN LOWRIE

Le cimetière historique Mont-Royal, situé au sommet de la montagne au coeur de Montréal, offre un lieu calme où les défunts peuvent reposer en paix. Selon les administra­teurs de l’endroit, les vivants n’ont toutefois pas droit à la même quiétude en raison de la présence de cyclistes qui circulent à grande vitesse.

Ces amateurs de vélo vont cependant devoir aller pédaler ailleurs, car ils n’auront plus accès au cimetière à compter du 1er août.

L’organisati­on à but non lucratif, qui gère le cimetière depuis 166 ans, a récemment annoncé qu’elle allait bannir les vélos de ses sentiers pittoresqu­es. Elle cite notamment un « mépris flagrant de la sécurité des piétons » et du caractère sacré du cimetière par certains cyclistes qui s’y entraînent «à haute vitesse et de façon agressive ».

Dans un communiqué publié sur son site Web, la direction affirme avoir tenté à plusieurs reprises de sensibilis­er les cyclistes afin d’éviter d’avoir à leur interdire l’accès.

« Nous regrettons que ces efforts aient échoué et que nous devions maintenant, pour des raisons de sécurité, interdire aux cyclistes l’accès au cimetière. Voilà la conséquenc­e du non-respect des règles », peut-on lire dans le communiqué.

La nouvelle ne fait pas l’affaire de certains adeptes de vélo, qui se sentent punis pour les actions d’un petit groupe de récalcitra­nts.

Alors que le cimetière bourdonnai­t de voitures, de scooters, de promeneurs accompagné­s de leur chien et de visiteurs venus pique-niquer par un beau samedi après-midi, certains cyclistes prenant une pause de leur entraîneme­nt se demandaien­t pourquoi ils étaient montrés du doigt.

« Je crois que les voitures sont beaucoup plus dangereuse­s que les cyclistes », estime Thérèse Ryan, une cycliste qui fréquente l’endroit depuis 25 ans.

Les clubs élites pointés

Elle rejette le blâme sur un petit groupe de clubs élites qui s’entraînent en grand nombre et à grande vitesse.

Mme Ryan trouve tout de même injuste que des habitués soient ainsi bannis de ce « merveilleu­x endroit » qu’affectionn­ent les Montréalai­s. Les côtes sinueuses du cimetière font partie des rares endroits où les cyclistes amateurs peuvent pratiquer leur sport sans être importunés par des voitures qui filent à toute allure.

Patrick Prévost, un citoyen qui circule sur la montagne presque tous les jours, le confirme.

«C’est pratiqueme­nt le seul espace vert qu’on a [pour circuler à vélo] sur le territoire de la ville, mentionne-t-il en prenant une pause de sa randonnée. C’est calme, paisible, c’est agréable d’être ici et il n’y a pas trop de voitures. »

M. Prévost serait plutôt favorable à l’ajout de dos d’âne et de panneaux d’affichage pour forcer les cyclistes à ralentir. Il plaide cependant que la majorité des gens qui circulent à vélo sont respectueu­x.

« Le cimetière devrait être accessible à tout le monde : coureurs, cyclistes, marcheurs, tant que tout le monde se respecte et je crois que tout le monde respecte les lieux », a-t-il ajouté.

Deux autres adeptes de la bicyclette qui passaient par là considèren­t plutôt que la décision de bannir les cyclistes est la bonne, même si cela signifie qu’ils vont perdre l’un de leurs parcours favoris.

Lyne Raymond et Chantal Bergeron, qui ont gravi la montagne ensemble, disent se sentir elles-mêmes intimidées par les pelotons élites qui les dépassent à haute vitesse.

« Ils ne s’arrêtent pas, ils roulent vraiment vite, ils ne sont pas respectueu­x des gens qui sont là pour se recueillir avec leur famille », souligne M me Bergeron.

Chantal Raymond est d’accord. Elle raconte qu’un cycliste est passé en trombe près d’elle, le matin même, la forçant presque à quitter la voie.

« C’est triste, mais je comprends la décision », dit-elle.

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VALÉRIAN MAZATAUD LE DEVOIR La direction du cimetière affirme avoir tenté de sensibilis­er les cyclistes afin d’éviter d’avoir à leur interdire l’accès.

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