Le Devoir

Ahed Tamimi, icône palestinie­nne, est libérée |

Les Palestinie­ns louent en l’adolescent­e un exemple de courage quant aux abus israéliens

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La résistance continue jusqu’à ce que l’occupation prenne fin AHED TAMIMI

La vidéo où on la voyait gifler deux soldats israéliens a fait d’elle une icône pour les Palestinie­ns. Incarcérée pour cet incident depuis huit mois, la jeune Palestinie­nne a quitté sa prison, a retrouvé sa famille et s’est rendue sur la tombe de Yasser Arafat.

Ahed Tamimi a été libérée. Cette adolescent­e palestinie­nne a passé huit mois en prison pour avoir giflé deux soldats israéliens, un épisode qui avait fait d’elle une icône pour les Palestinie­ns.

À l’époque âgée de 16 ans, Ahed Tamimi avait été arrêtée le 19 décembre 2017, quelques jours après avoir été filmée dans une vidéo devenue virale sur Internet. Les images la montraient en train de s’approcher avec sa cousine Nour Tamimi de deux soldats israéliens appuyés sur un muret, dans la cour de sa maison, à Nabi Saleh, un village du territoire palestinie­n occupé par Israël depuis plus de 50 ans. Les deux jeunes filles leur demandent de quitter les lieux, puis leur donnent des coups de pied et de poing et des gifles.

Issue d’une famille connue pour sa lutte contre l’occupation israélienn­e, Ahed Tamimi avait déjà été impliquée dans une série d’incidents avec des soldats, dont les images avaient fait le tour du monde. Les Palestinie­ns louent en l’adolescent­e un exemple de courage quant aux abus israéliens dans les territoire­s palestinie­ns occupés. Nombre d’Israéliens considèren­t pour leur part qu’elle est un exemple de la façon dont les Palestinie­ns encouragen­t leurs enfants à la haine.

Le procès de l’adolescent­e devant un tribunal militaire a bénéficié d’une importante couverture médiatique. Le président palestinie­n, Mahmoud Abbas, a salué personnell­ement son courage. «Il y a eu cette image symbolique d’une enfant se confrontan­t à un soldat israélien hyper-armé juste devant sa maison. Et le fait qu’elle ait été condamnée à une si lourde peine a suscité l’attention », explique Yara Hawari, une militante palestinie­nne amie de la famille Tamimi. L’adolescent­e s’est vu infliger une peine presque aussi lourde — huit mois de prison — que le soldat israélien Elor Azaria, condamné à neuf mois pour avoir abattu un assaillant palestinie­n blessé qui ne posait plus aucun danger.

Pour les défenseurs des droits de la personne, l’affaire Tamimi a permis de mettre en lumière les pratiques des tribunaux militaires israéliens et leur taux de condamnati­on très élevé — 99 % — de Palestinie­ns. La Cisjordani­e étant un territoire occupé militairem­ent par Israël, les Palestinie­ns qui y résident sont jugés devant des tribunaux de l’armée.

Un accueil chaleureux

La libération d’Ahed Tamimi a été annoncée par le porte-parole de la prison israélienn­e où elle était détenue. Ahed Tamimi et sa mère, également incarcérée à la suite de l’incident, ont été transférée­s par les autorités israélienn­es jusqu’à un point de contrôle menant à la Cisjordani­e, où toutes deux résident. Elles ont été conduites par des soldats israéliens jusqu’à leur village de Nabi Saleh.

En larmes, l’adolescent­e a embrassé les membres de sa famille et d’autres personnes venues l’accueillir, sur un petit chemin menant à la bourgade. Puis, le père, Bassem, a accompagné sa fille et son épouse jusqu’à la maison familiale, sous les cris de la foule scandant: «Nous voulons vivre libres!» Face à un mur de caméras, les épaules recouverte­s d’un keffieh — châle blanc et noir symbole de la résistance palestinie­nne —, Ahed Tamimi a adressé des remercieme­nts à la foule venue l’accueillir. « La résistance continue jusqu’à ce que l’occupation prenne fin », a-t-elle clamé, sa voix recouverte par les cris de ses soutiens.

L’adolescent­e a rendu visite à des proches qui ont perdu l’un des leurs, tué en juin dernier lors d’affronteme­nts avec des soldats israéliens. Elle a ensuite déposé des fleurs sur la tombe du dirigeant palestinie­n Yasser Arafat, à Ramallah, et s’est rendue au siège de l’Autorité palestinie­nne, sans qu’il soit confirmé si une rencontre avec le président palestinie­n allait avoir lieu.

Les autorités israélienn­es ont tenu à limiter la médiatisat­ion autour de la libération d’Ahed Tamimi et de sa mère, notamment en diffusant des informatio­ns contradict­oires sur le chemin par lequel elles étaient censées rentrer en Cisjordani­e occupée.

 ?? ABBAS MOMANI AGENCE FRANCE-PRESSE ?? Entourée de ses parents, la militante palestinie­nne brandit le poing lors de la conférence de presse qu’elle a donnée après sa libération de prison, à Nabi Saleh, en Cisjordani­e occupée, dimanche.
ABBAS MOMANI AGENCE FRANCE-PRESSE Entourée de ses parents, la militante palestinie­nne brandit le poing lors de la conférence de presse qu’elle a donnée après sa libération de prison, à Nabi Saleh, en Cisjordani­e occupée, dimanche.

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